Shutter: Wanderlost

Il y a un peu plus d'un an débutait la nouvelle création de Joe Keatinge, . La série dessinée par Leila Del Duca raconte les affaires de la famille de Kate Kristopher, une jeune femme issue d'une longue lignée d'aventuriers. Wanderlost regroupe les 6 premiers épisodes de cette histoire hors-norme.

J'ai découvert Keatinge sur la série Glory, la création de Rob Liefeld, dessinée par Sophie Campbell. J'ai alors découvert un scénariste atypique au style très fluide, aux idées tellement farfelues qu'elles frôlent le génie. Glory et Shutter partagent une même thématique : les secrets de famille. Bien entendu, le traitement est très différent. L'héroïne de la seconde série n'est pas une guerrière aux pouvoirs hors-normes. Cela ne veut pas dire qu'elle ne sait pas se battre mais elle est plus proche de Indiana Jones que de la guerrière.
Shutter: Wanderlost
Kate est la fille unique d'un aventurier lui-même fils d'une aventurière fille d'une autre, et ainsi de suite. Alors qu'elle a 6 ans, elle a déjà peur que son avenir soit tout tracé alors son père l'emmène dans une de ses aventures sur la Lune. Depuis, les deux s'en vont à l'aventure jusqu'aux 17 ans de Kate, jour où son père vient à mourir. Dix ans plus tard, notre héroïne a raccroché, elle vit à New-York avec sa collocatrice Alain et son Chat-Horloge. Mais, alors qu'elle va se recueillir sur la tombe de son père, elle se fait attaquer par d'étranges fantômes ninjas et c'est le début d'une aventure qui va emmener Kate à découvrir les secrets de son père.

Shutter: Wanderlost

L'univers de la série est étrange. New-York est rempli d'animaux bipèdes qui parlent. Personne ne semble étonné de voir des fantômes ninjas plus qu'une renarde punk chevauchant un tricératops. Keatinge nous dévoile cet univers via de courtes scènes en parallèle de l'action principale même si elles ont plus ou moins une incidence sur l'histoire. Par exemple, nous découvrons qu'une salamandre se voit obliger d'accepter un sale boulot après un divorce difficile. Cela n'a pas forcément d'intérêt mais cela ajoute un charme indéniable à la série.

D'ailleurs, à ce stade, l'histoire est certes très bien mais c'est plus l'ambiance mise en place et les personnages qui nous font adhérer à Shutter. On se laisse guider avec confiance par Keatinge qui nous dévoile par (tous) petits bouts les éléments de son intrigue. Du coup, on dévore le bouquin parce que Kate est tellement attachante avec son sale caractère et sa débrouillardise. Et puis, il y a son chat-horloge qui est... étrange (par le concept déjà) mais qui apporte un côté humain aux situations auxquelles ils sont confrontés. Enfin, il y a Alain qui est aussi un personnage à concept. Meilleure amie de Kate, en quelques phrases, on l'adore. Il s'agit d'une transsexuelle qui a gardé son prénom de naissance. On découvre lors d'un flashback comment Kate et Alain, alors âgés de 9 ans, se rencontrent. La scène est très drôle. Keatinge n'opte pas pour le ton sérieux mais le message passe très bien et puis, son humour est très fin, il ne s'agit pas de grosses blagues potaches mais de blagues hyper mignonnes. Pourtant la série n'est pas à mettre dans toutes les mains. Il y a du sang et des scènes choc comme celle où un enfant de 8 ans doit utiliser un fusil à pompe.

Shutter: Wanderlost

Tout ce qui se passe dans la série forme un ensemble dense mais qui se lit très bien. En plus, les dessins de Leila Del Duca sont d'une beauté rare. Les cases sont très travaillées et elle est autant à l'aise avec les personnages humains que les animaux anthropomorphes. Les couleurs d' Owen Gieni contribuent à rendre l'ensemble atypique. L'univers graphique vaut à lui seul le détour.

Shutter: WanderlostShutter volume 1: Wanderlost

Image Comics * Par Joe Keatinge et Leila Del Duca * $9.99
Shutter est une série plutôt plaisante. Si Wanderlost n'avance pas autant qu'on le souhaiterait Keatinge nous y montre un univers très recherché et des personnages attachants. Le scénariste nous réserve de nombreuses surprises dans les épisodes à venir. Résultat, je serai content que les lecteurs de V.F. puissent lire un jour Shutter.