La dame des livres, de Heather Henson (texte) et David Small (illustrations), paru chez Syros en 2009
Cal est un jeune garçon qui vit dans les monts Appalaches dans le Kentucky au début du XXe siècle. A cette époque et à cet endroit, les enfants ne font qu’aider leurs parents à longueur de journée. Les filles aident leur mère dans les tâches ménagères, les fils travaillent dès le plus jeune âge avec leur père. Très peu vont à l’école ou pas bien longtemps. Ils n’ont rien à proximité de chez eux et surtout pas une bibliothèque. Pourtant Cal a une sœur, Lark, qui lit énormément. Elle dévore des livres entiers. Cal ne voit pas bien à quoi ça sert ni pourquoi ses parents sont autant en admiration devant elle pour quelque chose qui n’est pas utile. Lui ne sait pas lire et cela n’a pas l’air de le gêner. Un jour, une cavalière passe par leur maison. Elle apporte une denrée rare en ces lieux mais également incongrue : un livre. Lark est évidemment ravie. Cal trouve bizarre que l’étrangère ne demande rien en contrepartie du livre. D’autant plus que par la suite elle revient plusieurs fois apporter de nouveaux livres. Même l’hiver, alors que tout est blanc et que de nombreux chemins sont impraticables. Cal se dit que ça doit être important finalement de savoir lire et peut-être même sympathique, pour que l’étrangère se donne tant de mal à amener ces objets chez eux. La dame des livres va changer sa vision. Il va demander à sa sœur de lui apprendre à lire. Et Cal comprend enfin tout ce que la lecture peut lui apporter.
Ce livre a été écrit pour rendre hommage aux vraies personnes appelées communément « dames des livres », qui, à partir de 1935, ont traversé monts et vallées contre vents et marées pour apporter des livres, un morceau de bonheur, un petit bout de culture, aux familles qui vivaient dans des endroits reculés et n’avaient pas accès à ce type de biens. Ces personnes, la plupart du temps des femmes, étaient d’un dévouement extraordinaire et se faisaient une fierté de ramener un peu du monde extérieur aux familles les plus pauvres.
Le récit est vraiment bien construit. Sans que cela soit montré explicitement on voit pourtant peu à peu le cheminement se faire dans la tête de Cal sur le changement de perception de la lecture. C’est lui qui parle directement, avec un accent bourru qui correspond à son environnement et à la société dans laquelle il vit. Les illustrations appuient ses dires et nous plongent dans sa tête, car elles nous montrent également le point de vue du jeune garçon. On est soit en gros plan sur lui, soit on voit à travers ses yeux. Texte et dessins s’harmonisent donc parfaitement et forment un tout cohérent.
Ce récit est une ode aux dames des livres, mais également à la lecture. Car même si ces dames n’existent plus et que ce système n’a jamais vu le jour en France, cette histoire peut parler à tout le monde et donner un nouveau regard sur la lecture. Un enfant n’aimant pas lire, peut se reconnaître dans le raisonnement de Cal, même si ce n’est pas la même situation.
C’est donc un beau moment de poésie, de partage et de lecture qui vous attend dans cet album !
Le récap’ :
Points positifs :
- Une belle ode à la lecture et au bonheur simple que cela peut procurer.
- Une façon de donner envie aux plus réfractaires de se mettre à lire.
- Une narration qui plonge directement le lecteur dans les pensées du petit garçon et qui rend le tout très prenant.
Point négatif :
- On aimerait finalement en apprendre un peu plus sur ces dames des livres.
Joyeuses découvertes littéraires les loulous !