Ils seront 589 romanciers, français et étrangers, à se lancer à la conquête des lecteurs lors de cette rentrée littéraire.

Les lettres ou les chiffres ? Et si l’on parlait un peu des deux. D’autant que, d’un côté ou de l’autre, les nouvelles sont plutôt au beau fixe. Les chiffres, d’abord, avec un marché du livre à la croissance inégalée depuis la crise de 2008. D’après le magazine professionnel Livres Hebdo, les ventes de livres sont en hausse de 7% en euros courants entre juin 2014 et juin 2015, tandis que le nombre de romans publiés en cette rentrée accuse une légère décroissance – deuxième bonne nouvelle pour les libraires et autres lecteurs attentifs, qui auront tout de même 589 romans français et étrangers à se mettre sous les yeux (contre 607 en 2014). En attendant les quelque 300 documents et essais qui viendront animer l’automne.

Parmi les 393 romanciers français prêts à se jeter dans la course – très ouverte, cette année -, on signalera en premier lieu une brochette de têtes d’affiche: Christine Angot, dont le beau portrait de mère devrait calmer les esprits (Un amour impossible, Flammarion), Delphine de Vigan, que la rumeur porte au firmament (D’après une histoire vraie, JC Lattès, et un premier tirage de 100 000 exemplaires), Carole Martinez, qui prend son temps pour peaufiner ses belles figures du Moyen Age (La Terre qui penche, Gallimard), le multiprimé Mathias Enard, dont chaque nouvel opus charme les critiques (Boussole, Actes Sud), le courageux Boualem Sansal, qui continue sa lutte contre l’intégrisme musulman (2084. La fin du monde, Gallimard), le best-seller Yasmina Khadra, qui investit les pensées de Kadhafi (La Dernière Nuit du Raïs, Julliard), Sorj Chalandon, qui s’attaque à la folie de son géniteur (Profession du père, Grasset) et, bien sûr, l’imperturbable Amélie Nothomb, dont le suspense belge à la sauce anglaise a enfiévré son éditeur, Albin Michel (un premier tirage de 200 000 exemplaires pour Le Crime du comte Neville). Sans oublier les deux affaires qui enflamment le petit monde germanopratin et sans lesquelles il n’y aurait pas de rentrée littéraire digne de ce nom: Laurent Binet, qui, après son tonitruant HHhH, joue les agitateurs autour de la mort de Barthes (La Septième Fonction du langage, Grasset), étrillant allègrement Philippe Sollers, Julia Kristeva ou BHL. Et Simon Liberati, dont le portrait de sa femme, Eva (Stock), provoque la fureur (judiciaire) de sa belle-mère, la sulfureuse photographe Irina Ionesco. On citera aussi, parmi les valeurs sûres, Alain Mabanckou, Jean Hatzfeld, Hubert Haddad, Brigitte Giraud, Colombe Schneck, Laurent Seksik, Thomas B. Reverdy, Agnès Desarthe, Eric Holder, Nicolas Fargues, Tristan Garcia…

Morrison, Foster Wallace et Hornby côté étranger

Alors que premières sélections et « retours de lecture » (nouvelle expression reine des éditeurs) des libraires et des critiques tombent, quelques auteurs bénéficient d’ores et déjà d’une attention particulière. Ainsi de Sophie Divry et de son autoportrait de chômeuse en fin de droits (Quand le diable sortit de la salle de bains, Noir sur Blanc), de Diane Meur et de son banquier allemand (La Carte des Mendelssohn, Sabine Wespieser), d’Hédi Kaddour et de son tournage dans le Maghreb colonisé (Les Prépondérants, Gallimard), de Philippe Jaenada et de son enquête sur Pauline Dubuisson (La Petite Femelle, Julliard)

Quelques jolies découvertes aussi avec les primo-romanciers Alexandre Seurat (La Maladroite, Rouergue), Pascal Manoukian (Les Echoués, Don Quichotte), Sophie Daull (Camille, mon envolée, Philippe Rey), Jérémy Fel (Les Loups à leur porte, Rivages), Christophe Boltanski (La Cache, Stock).

Restent les étrangers. Au menu, de grosses pointures: Toni Morrison, Martin Amis, Jim Harrison, David Grossman, Richard Powers, David Foster Wallace, Nick Hornby, Oya Baydar, Richard Ford, James McBride…

(Source : L’Express)