Monstres et miroirs, recueil de nouvelles fantastiques
La forêt
Recroquevillée contre un arbre mort, les doigts dévorés par le vent d’hiver, elle attendait. Épuisée, elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Ses paupières étaient aussi lourdes que du plomb ; mais elle avait peur de s’endormir et s’obligeait à rester éveillée. Son ventre, tenaillé par la faim, la faisait terriblement souffrir ; des petites dents effilées la grignotaient de l’intérieur. Par cette nuit sans lune, elle avait perdu tous repères. Elle avait également perdu la notion du temps. Depuis combien d’heures était-elle assise là, à espérer que le soleil daigne enfin se lever ? Elle ne voulait pas chercher au hasard son chemin dans ce labyrinthe capricieux ; l’espace immense la rendait plus claustrophobe que jamais. Quelqu’un avait-il remarqué sa présence bien qu’elle fut aussi silencieuse et discrète qu’une biche ? Sa peur grandissait, à tel point qu’elle en oubliait le froid qui engourdissait ses membres. Elle ne sentait que de légers picotements parcourir sa nuque et son dos. Des insectes s’étaient-ils faufilés à travers ses vêtements ? Elle chassa cette désagréable pensée d'un mouvement de tête. Un craquement. Un froissement de feuilles. Des pas se rapprochaient. Tétanisée par cette autre présence, elle n’osait plus bouger, ni même respirer. Un grognement tout près d’elle la fit frissonner. Elle percevait le souffle de la bête, et réalisa avec effroi que la créature reniflait son odeur. Seulement, elle était vidée de toute force, et ne s’imaginait pas courir afin de semer son prédateur. Le lendemain matin, la fillette n’était plus qu’une charogne.
La forêt
Recroquevillée contre un arbre mort, les doigts dévorés par le vent d’hiver, elle attendait. Épuisée, elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Ses paupières étaient aussi lourdes que du plomb ; mais elle avait peur de s’endormir et s’obligeait à rester éveillée. Son ventre, tenaillé par la faim, la faisait terriblement souffrir ; des petites dents effilées la grignotaient de l’intérieur. Par cette nuit sans lune, elle avait perdu tous repères. Elle avait également perdu la notion du temps. Depuis combien d’heures était-elle assise là, à espérer que le soleil daigne enfin se lever ? Elle ne voulait pas chercher au hasard son chemin dans ce labyrinthe capricieux ; l’espace immense la rendait plus claustrophobe que jamais. Quelqu’un avait-il remarqué sa présence bien qu’elle fut aussi silencieuse et discrète qu’une biche ? Sa peur grandissait, à tel point qu’elle en oubliait le froid qui engourdissait ses membres. Elle ne sentait que de légers picotements parcourir sa nuque et son dos. Des insectes s’étaient-ils faufilés à travers ses vêtements ? Elle chassa cette désagréable pensée d'un mouvement de tête. Un craquement. Un froissement de feuilles. Des pas se rapprochaient. Tétanisée par cette autre présence, elle n’osait plus bouger, ni même respirer. Un grognement tout près d’elle la fit frissonner. Elle percevait le souffle de la bête, et réalisa avec effroi que la créature reniflait son odeur. Seulement, elle était vidée de toute force, et ne s’imaginait pas courir afin de semer son prédateur. Le lendemain matin, la fillette n’était plus qu’une charogne.
The pond, Michaël Brack
(Huile sur toile)