À Mortagne, scieurs et vignerons se vouent une haine sans merci. La violence est monnaie courante. Et peut frapper n’importe quand. Martial quitte le village pour apprendre la mécanique. Pour éviter les incidents, les règlements de comptes. Et surtout, échapper au crédo que scieurs et vignerons se plaisent à répéter : « Je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier ! » Car là-bas, tout le monde pratique la chasse. Excepté Terence, jeune simplet au visage de travers, qui ne sait ni travailler ni chasser. Martial l’aime bien. Et déteste qu’on se défoule sur lui.
Ce roman m’a littéralement pris aux tripes. Avec des mots simples, justes et acérés, Guillaume Guéraud va droit au but, et tape dans le mile. C’est noir, violent, et tristement réaliste. Ça résonne, ça cogne, ça fait mal. L'atmosphère est oppressante, semblable à celle du film Elephant, réalisé par Gus Van Sant (2003).
Le lecteur voit basculer cet ado de 16 ans dans une folie meurtrière, malgré lui. On pressent le drame. Tant de hargne refoulée, qui soudain explose. Martial est pourtant un jeune homme bienveillant… On a du mal à imaginer qu’il soit capable d’une telle boucherie, lorsqu’il fait preuve d'autant de tendresse à l’égard de Terence, que tout le monde considère comme un moins que rien. Pas même comme un humain. En fin de compte, qui est le véritable responsable ?
Premier titre de la collection doAdo Noir, Je mourrai pas gibier a remporté le prix Sorcières en 2007 et a été adapté en BD par Alfred chez Delcourt.
Une claque, dont je ne suis pas prête de me remettre.Roman à partir de 14 ans.