Projet de création n°1

Par Anahita @Unsimpletabou
Monstres et miroirs, recueil de nouvelles fantastiques
Les catacombesLa nuit venait de tomber. La rumeur d'un vent glacé se perdait entre les tombes. Les anges de pierre, les mains liées, pleurerait en silence et priaient les cieux. Une silhouette se dessinait dans l’ombre. Celle d’une jeune fille. Sa longue chevelure d’ébène, portée par la brise, dissimilait son visage ; habillée de noir, elle se fondait dans la nuit. Seuls ses yeux myosotis luisaient dans le noir. Semblable à un animal nocturne, cette jeune fille n'avait rien d'un humain ordinaire. Quelque chose de singulier émanait d’elle. Sa démarche était toutefois précipitée. Elle regardait sans cesse par-dessus son épaule, comme si elle craignait que quelqu’un ne la suive. Elle savait qu’elle ne devait pas y aller, mais une force indicible l’incitait à descendre dans les souterrains. Ce lieu lui était totalement inconnu, elle ne pourrait rebrousser chemin une fois que les entrailles de pierres l’auraient engloutie. Et personne ne viendrait la sauver. Contre son gré, ses pas finirent par l’amener devant l’entrée des catacombes. Une gueule immense, aux crocs invisibles. Sans plus hésiter, elle entra.     Elle se souvenait à peine du chemin qu’elle avait emprunté lors de sa première venue ici-bas. Les couloirs, les escaliers, étaient tous identiques, interminables. Plus elle avançait, plus son cœur s’affolait. Le silence devenait palpable. Elle en avait la chair de poule. Un bruit résonna tout près elle. Aux aguets, elle scruta les alentours. Il n’y avait rien. Elle entendit à nouveau un bruit. Un son désagréable, semblable à un grincement de dents. Comme si des griffes effleuraient l’épiderme âpre des murs. Elle pouvait presque sentir la douloureuse caresse de ces serres aiguisées sur sa peau. Elle en frémit de dégoût. Un cri retentit. Un cri si strident qu’elle dut se boucher les oreilles, et supplia que cela cesse : La créature avait repéré sa position, et la jeune fille allait se jeter dans la gueule du monstre. Il s'en léchait les babines ; ses crocs étincelants se devinaient dans le noir. La bête, affamée, se mit à ronronner. L’animal continuait d’avancer prudemment jusqu'à sa proie, sans trahir sa position. Il était béat, la gueule grande ouverte, prêt à la dévorer. Il allait planter ses griffes acérées dans sa peau, se délecter de sa chair, se repaître de ses viscères.     Il effleurait presque la jeune fille, et pouvait sentir sa gorge gracile se tendre sous l’effet de l’angoisse. Mais le monstre ne ressemblait pas à une bête, et ne marchait pas à quatre pattes. Il s’arrêta alors, et dit d’une voix grave :« - Je t’attendais. »Et la jeune fille embrassa le mort vivant.

The Kiss, Michaël Brack
(Plume et rotring sur papier)