Le Thème.
La psychothérapie par la Sexualité.
Une Citation.
L’histoire en quelques mots.
A notre époque, un passionné de sciences comportementales accueille à son domicile six personnes aux problématiques personnelles différentes. Que ce soit leur baptême de ce genre de soirée ou non, chaque personnage arrive avec une idée assez précise de ce qu’il pense y trouver. La plupart du temps, du plaisir et une histoire à raconter mais ils ne se doutent pas du véritable impact de cette soirée sur leur personne et leur entourage. Ils ignorent tout du déroulement, et chacun se retrouvera à un moment sous les projecteurs, sans y être forcé pour autant. En lecteur, nous comprenons au fur et à mesure que chaque mise en scène a été conditionnée par un questionnaire renseigné au préalable. Ainsi, chaque chapitre met à l’honneur une scène érotique. D’ailleurs, les scènes érotiques sont fines, écrites et lues avec plaisir. Les descriptions des lieux, de la mise en scène, des sensations et pensées sont agréables parce que savamment dosées. Il n’y en a ni trop, ni trop peu.
Ce que j’en ai pensé.
Je l’ai lu d’une traite tellement il est prenant, et écrit avec une fluidité remarquable. Armand Aurèle manie les mots et le désir d’une main de maître.
Sur l’agencement même des scènes érotiques, j’ai trouvé très intéressant la succession des points de vue subjectifs. Plusieurs sensations, même celle de l’ennui ou du dégoût, sont ainsi mobilisées, décrites minutieusement par les personnages avec, en parallèle, une tendance à intellectualiser un aspect de leur propre vie. C’est ainsi que chaque personnage gagne en épaisseur au fur et à mesure de la lecture. Armand Aurèle vous balade avec une grande habileté dans les méandres de chacun des cerveaux et chacun des désirs aussi, et ce, de façon aléatoire puisqu’aucun ordre d’intervention n’est établi. Mais justement, même avec 7 personnages, vous n’aurez pas besoin de vous remémorer qui a parlé en premier, deuxième ou troisième dans le précédent chapitre car, au fur et à mesure de votre lecture, vous reconnaîtrez dès les premiers mots, dès les premiers tics de parole, à qui vous avez à faire. Ce petit jeu d’enquête est assez agréable d’ailleurs. Et il s’agit également d’un élément qui me fait dire que, chaque personnage possède sa personnalité propre, étayée, et on apprécie ou pas celui/celle qui parle mais, comme une personne physique qui se tiendrait devant nous, on le reconnaît en tant qu’Être Humain. A partir de là, on voit tout son passé, son vécu qui se déroule, ses failles, ses blessures. Si certains pensaient être chez Charles pour une explosion de désir physique uniquement, nous pouvons, en tant que lecteur, leur redonner Corps et Âme. (Et un gros cœur aussi !)
Par ailleurs, j’ai trouvé la partie du débriefing un peu lourde puisque je trouvais que les enjeux de ce qu’il se passait pendant les séances, étaient bien assez explicites. En effet, les personnages expriment assez bien leurs sentiments justement, ce qu’ils éprouvent, ce à quoi ils pensent dans chaque chapitre. Chacun avance intérieurement même s’il n’est pas l’objet de toutes les attentions. Par contre, j’ai été frustrée on va dire, que Charles qui s’est retrouvé dans deux situations dont il n’avait pas l’habitude, ne reviennent pas davantage sur cela, ne soit pas mis mal à l’aise ou questionné.
(Et maintenant, le dernier paragraphe… Attention, mini-révélation.)
La dernière phrase, avant l’épilogue, nous laisse entrevoir une suite pour le couple Thomas-Patricia, mais elle me laisse perplexe. Je ne pense pas qu’il y aura de suites parce que cela pourrait perdre en saveur (A moins que l’Auteur ne décide de me faire mentir et dans ce cas-là, je serais ravie de le relire !) mais une chose me chagrine davantage sur le plan thérapeutique. En effet, Charles convie ses invités pour qu’ils réalisent quelque chose de particulier dans leur vie/comportement. Or, comme dans toute thérapie, on pense savoir pourquoi on vient, mais on ne peut pas réellement prédire les « dommages collatéraux ». Malgré tout, il ne s’agit pas au thérapeute de réparer ce qui peut être brisé. Si le couple Thomas-Patricia se sépare, il leur appartient d’évoluer sans que le thérapeute n’essaie de « trouver une solution » et ainsi d’ôter à Thomas toute possibilité d’agir comme un Adulte qui se retrouve dans une période de crise. Peut-être Charles aurait-il besoin d’une séance de je-ne-sais-quoi pour traiter son besoin de sauver tout le monde et toutes les situations
Ce partenariat était vraiment un plaisir et une belle découverte. Je remercie le Forum Au Cœur de l’Imaginarium ainsi que les éditions de la Musardine, qui savent nous gâter ! Et un encouragement pour l’Auteur, Armand Aurèle, dont l’écriture est fraiche et attractive !