Dribble

Par Lecteur34000

« Dribble »

RODRIGUES Sérgio

(Seuil)

Le Lecteur ne s’intéresse que marginalement au fouteballe. Trop de fric. Beaucoup trop de fric. L’abrutissement des foules de supporters. Les replis identitaires. Entre autres. Mais il ne peut nier que le fouteballe est un élément constitutif de l’histoire de Brésil. Qu’il lui advint même, au temps de la dictature militaire, de se transformer en symbole de la résistance contre la soldatesque. Ce que ce roman laisse entrevoir parmi les histoires entremêlées d’un père et de son fils. Le père, Murilo, journaliste sportif et chroniqueur, compromis avec ceux qui firent régner la terreur. Le fils, Neto, presque riche héritier d’une mère, Elvira, dont il cherche à comprendre les raisons de sa mort. Le fils renoue avec le père, un vieil homme atteignant au terme de son existence, mais qui s’obstine à ce que son rejeton lise le manuscrit dans lequel est évoqué le destin tragique d’un jeune joueur, Peralvo. Puisque ce manuscrit contient les éléments d’une réponse conforme aux attentes de Neto.

C’est ce drame familial qui a passionné le Lecteur, le décor sportif ne l’ayant jamais vraiment concerné. La façon dont Murilo conduit Neto, pas à pas, jusqu’à la vérité, la multitude de ses dribbles confèrent au récit une dramaturgie d’une remarquable et troublante intensité. Seul un écrivain brésilien était capable de faire usage du fouteballe, en dépit des réserves du Lecteur, à une telle intensité.