Qui veut la peau de Marc Lévy ? de Gordon Zola aux éditions Le léopard démasqué
Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur ne nous prend pas en traître. Le lecteur est prévenu dès les premières pages.
"CHAQUE LIVRE digne de ce nom devrait se voir muni d'un avertissement ou d'une mise en garde... car aucune lecture n'est réellement innocente. Celle qui va suivre est même carrément coupable! Coupable de trahison au monde des lettres ! Coupable de lâcheté...car l'auteur est affublé d'un pseudonyme qui ne tromperait aucun fromager digne de ce nom ! Coupable de forfaiture... car l'auteur dénonce à tour de bras les utilisateurs du système littéraire, confondant dans une diatribe injuste et hypocrite, vrais talents et faux génies, cuistres de poulet et littérateurs de cuisine, intellectuels abscons et cons actuels, gens de lettre et jean-foutre, historiens à battre et histrions à gorge déployée..."
Ceci étant posé, de quoi est-il question dans ce livre ?
L'équipe du commissaire Guillaume Suitaume est confrontée à une épineuse affaire qui frappe la fine fleur de la littérature francaise. Imaginez : deux jeunes talents du monde littéraire sont retrouvés assassinés et des auteurs à succès disparaissent : Bernard-Henri-Lévy, Marc Lévy, Florian Zeller, Patrick Poivre-d'Arvor. Excusez du peu ! Sur les lieux des meurtres et des disparitions, l'équipe du commissaire Suitaume retrouve des messages du criminel. Des messages signés Le Bec. Et c'est bien sur un bec que les enquêteurs tombent. Qui peut bien en vouloir à ces auteurs ? Très vite les soupçons se portent sur un Michel Houellebecq (Où est Le Bec ?) désireux de se débarrasser de ses concurrents, mais c'est une fausse piste.
Vous l'aurez compris ce roman policier est avant tout un prétexte pour l'auteur pour critiquer le monde littéraire avec humour. Les jeux de mots pleuvent. Rien que les noms protagonistes sont des calembours.
Guillaume Suitaume : Même si son nom a une consonance britannique, il ne porte pas de chapeau melon.
Purdey Prune : Son assistante au chassis de compétition, folle du volant (à faire trembler Diabolo et Satanas dans le dessin animé de notre enfance). Non elle n'a pas peur des prunes.
Habib Liotek : un des sbires du commissaire qui visiblement n'a jamais lu un livre.
Une telle entreprise pourrait se révéler lourde, indigeste mais ce n'est pas le cas, même si les jeux ce mots et les contrepétries poussent comme des champignons un soir de pluie. Le livre est léger, brillant par moments, un vrai plaisir de lecture. Les stars de la littérature française y sont croquées avec une férocité non dénuée de tendresse. En revanche je dois vous avertir ne lisez pas ce livre en cachette au bureau vous seriez vite pris à rire à gorge d'employé. Ce roman est le huitième volet des aventures de Guillaume Suitaume. Le premier que je lis et sûrement pas le dernier. Gordon Zola m'est apparu comme le fils spirituel de San Antonio et Pierre Dac. Il joue des mots avec virtuosité. Je me suis régalé. N'y cherchez pas de profondeur cependant ce livre est à voir comme un divertissement, un exercice de style. C'est un petit bijou de livre humoristique.