Un caillou dans la chaussure de Mathieu Tazo

Par Denis Arnoud @denisarnoud

Un caillou dans la chaussure de Mathieu Tazo aux éditions Daphnis et Chloé



   Quand Samuel Marion est licencié de son poste au ministre des affaires étrangères, cette homme marié et père d'une petite fille décide de repartir dans le village où il passait ses vacances étant enfant et d'en briguer la mairie. Un retour qui va raviver les douleurs du passé, verser goutte à goutte de l'acide sur des blessures qu'il n'avait pas oubliées mais avec lesquelles il vivait tant bien que mal.
   A l'ouverture du roman, nous trouvons Samuel, seul,  sur un piton rocheux dominant Barjance ce petit village varois dont il est devenu maire. Il y avoue le meurtre qu'il a commis adolescent et dont seules trois personnes du village sont au courant : ses amis de l'époque et son amour de jeunesse. Une succession d'événements l'a amené là sur ce rocher, cette roche Tarpéienne de laquelle il projette de se jeter pour en finir avec les affres de sa conscience, le poison du remords. Pourquoi n'est-il pas resté à Paris loin de ses souvenirs qui le minent ? Le besoin d'expier, la revanche sur le passé, le désir de revoir son amour de jeunesse...
   "Prisonnier de mon passé, je suis l'assassin et l'enquêteur, la proie et le chasseur, l'amant trompé et le mari fautif."
  Drame psychologique, roman noir plein d'humour, Un caillou dans la chaussure est un excellent roman qui  parvient à nous rendre sympathique un meurtrier, un homme lâche, arriviste, en nous plongeant au coeur de sa souffrance, le tout dans ce paradis perdu varois victime de l'exode rural. Avec ce roman j'ai découvert le style de Mathieu Tazo.  Un roman addictif. Ménagez-vous du temps car une fois que vous l'aurez commencé, vous ne pourrez pas le lâcher. Cette lecture m'a donné très envie de découvrir son premier roman : La dynamique des fluides. Ce sera chose faite très bientôt.
  Quoi de mieux que quelques extraits pour vous donner envie.
    "Il y a toujours un espace - parfois une largesse, parfois un simple bâillement - entre nos deux "moi", celui qui vit et celui qui regarde la vie se dérouler. Car on est toujours deux : un qui marche dans la rue et l'autre, à la fenêtre, accoudé à la balustrade."
    "Crois-moi, je t'en prie. La vie vient sans goût, puis tourne fade et neutre pour qui en attend tout, et  enfin aigre et rance pour qui la dédaigne. Elle se colore pourtant des épices de l'exaltation pour ceux qui, chaque matin, voient dans la lumière qui se renouvelle sans cesse le signe d'une chance qui s'offre sans limite."