Souvenirs le lecture 15 : Juliette Bouchet

Par Denis Arnoud @denisarnoud

Souvenirs de lecture 15 :Juliette Bouchet



   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d'où on était quand on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avait marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui c'est Juliette Bouchet qui me fait l'honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps si précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.
LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus marqué et pourquoi ?

JB    : Deux auteurs ont marqué ma jeunesse : Barjavel que j'ai dévoré très tôt en commençant par "Ravage" et dont j'ai adoré l'univers "fin du monde"instinctivement, parce qu'il exprimait une vision de l'avenir à laquelle j'adhérais totalement et Jacques Prévert dont le poème "je suis comme je suis" est devenu  une espèce de mantra pour moi à tel point que je l'avais recopié sur la porte de mon armoire, dans ma chambre (ce qui avait moyennement amusé ma mère).
           Le livre est un moyen de transport formidable. Il emmène d'un point A à un point B, d'une époque révolue à une autre en devenir et s'offre le luxe des mondes parallèles, rêvés, et merveilleux. Un véhicule à bord duquel on monte sans connaître sa destination et où on peut projeter son propre paysage.
     Barjavel m'a montré que la liberté était une question d'imagination. J'avais douze ans.
LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur votre désir d'écrire ?
JB     : Aucun de ces livres n'a influencé mon "désir" d'écrire qui n'en était pas un. J'ai écrit avant de les découvrir, par besoin et sans jamais chercher à intellectualiser cette nécessité. La voie d'expression silencieuse et foisonnante de l'écriture est née avec son apprentissage, à l'école. Les mots me plaisaient terriblement. Les sens cachés, les métaphores, les rimes, les cadences. J'y ai découvert un terrain de jeu formidable, une source de plaisir sans fin, mais surtout, un moyen de m'exprimer contre lequel je ne savais pas lutter. Mes grands-parents et mes parents me disaient "tu devrais être écrivain", ce que j'avais mis dans un coin de ma tête, pensant alors que je pourrais très bien m'en passer, sauf que les années n'ont fait que renforcer cette veine encrée qui palpitait sous la pulpe de mes doigts jusqu'à ce que je mette mes pieds dans le plat et mon coeur au four avec mon premier roman. (Et donc, du coup, j'ai compris tout un tas de trucs).
LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de coeur ?
JB    : "Le roi, le sage et le bouffon" de Shafique-Keshavjee.           "Mon chien stupide" de John Fante           "Traité d'athéologie" de Michel Onfray
            J'ai une très mauvaise mémoire, j'oublie quasi instantanément tout ce que je lis. (J'ai honte mais j'assume).
Biographie


 Je suis née à Paris, pas très loin de la Tour Eiffel. J'ai emprunté plusieurs chemins avant de trouver le bon (qui était en fait celui de base mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué). J'ai deux enfants épuisants et très malicieux, un homme patient dont le calme rassurant trouve son équilibre au creux de ma vague déchaînée. Je ne vis plus à Paris mais dans le Berry depuis trois longues années et j'écris toute la sainte journée. Le sport me canalise, les mots m'apaisent et l'alcool me rend malade. Je fume un peu et je n'ai pas d'animaux. Mon potager me désespère mais comme pour tout je ne m'avoue jamais vaincue.
          Le double des corps, le premier roman de Juliette Bouchet a été publié récemment chez Robert Laffont.
          Le titre du roman de Juliette  Bouchet est colorisé et dispose d'un lien vous permettant d'atteindre la chronique écrite à  son sujet sur ce blog, d'un simple clic.
          Encore une grand merci à Juliette Bouchet pour sa gentillesse et sa disponibilité. Je vous invite à découvrir d'urgence Le double des corps, son premier roman, un livre délicieusement transgressif.