Stern (T1) Le Croque-mort, le clochard et l’assassin

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Stern, tome 1 »

Scénario de Frédéric Maffre, dessin de Julien Maffre,

Public conseillé : Adultes / adolescents

Style : Western décalé
Paru chez Dargaud, le 21 aout 2015, 64 pages couleurs, 13.99 euros
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L’Histoire

Texas, 1863. Une troupe d’hommes armés envahit sauvagement la ville de Lawrence, en tuant tout sur son passage. Au milieu du massacre, un enfant assiste, impuissant, à la mort de sa mère…
Morisson, conté de Coffe, Texas, 1882. Le gros et gras Charles Bening vient de décéder au bordel, entre les cuisses d’une jeune métis. Appelé d’urgence, Elijah Stern, croque mort de la bourgade, vient enlever le corps. Stern embarque le corps dans sa carriole, Stern et l’emmène le corps droit au cimetière pour y creuser sa tombe. Il est interrompu par la dame de compagnie de la veuve Bening, qui lui propose un marché. Avant-garde de la ligue de tolérance, elle demande à Stern d’exercer une autopsie sur le corps de son défunt mari, pour montrer à tous les ivrognes le résultat d’une vie de débauche et d’excès d’alcool.
Avec ces connaissances médicales, Stern accepte le job contre rétribution…

Ce que j’en pense

Le style western est un genre particulièrement apprécié et usité en bande dessinée. Outre les grands classiques connus de tous, quelques belles séries et one-shoot récents m’ont particulièrement plus (“Deadline” de Bollé & Rossi, “Buffalo Runner” de Tiburce Orger et “Undertaker” de Dorson & Meyer) pour ne citer qu’eux.
Utilisant un des archétypes du genre (le croque-mort), les frères Maffre (Frédéric au scénario, Julien au dessin et à la couleur) nous proposent une version très personnelle.
Un peu dans l’esprit de la série « L’homme qui n’aimait pas les armes à feu » de Lupano et Salomone, ils nous entraînent dans un drame policier sur fond de western.
Elijah, leur personnage principal est carrément atypique. Peu causant, pour ne pas dire “terne” et peu sympathique, mais très observateur, son style décalé se revendique plus des frères Cohen et des séries TV d’HBO, que de “Blueberry”.
Dans une ambiance lente et pesante, les frères Maffre construisent leur polar patiemment. Sans coups d’éclat ni coups de feu (à peine quelques bagarres), le récit dramatique drame se développe.

En ouvrant cet album, J’avais un peu peur de lire un énième série western, utilisant les codes un peu usés du genre. Mais les frères Maffre le joue finement. Utilisant le décorum western, ils nous entraînent dans une première intrigue de bonne tenue, sur des chemins de traverse. Jouant avec les codes, ils vont vous régaler d’une galerie de portraits pas piqué des hannetons. Un Croque-mort terne et subtil, un vieil ivrogne capable de prodiges musicaux et un dandy vieillissant à la poursuite de ses vieux démons…
Seul regret, le personnage principal, tellement antihéros (ni brave, ni costaud) est si terne qu’il est difficile de s’y projeter.

Côté dessin, Julien Maffre, dont nous avions pu apprécier le travail sur “Le tombeau d’Alexandre” et les deux premiers épisodes de “La banque”, rend un travail de belle facture. Son trait, légèrement exagéré, compose des personnages légèrement caricaturaux dans des décors fins et détaillés.
Si le traitement des visages (anguleux) m’a un peu décontenancé au début, mais je m’y suis fait rapidement. Petites scènes intimes ou grandes cases en plongée, Julien intègre ses personnages avec un soin particulier, faisant vivre autant la scène que le décors.
La couleur, posée par Julien himself, rehausse le dessin, en détachant subtilement chaque plan. C’est un sans faute pour Julien qui prouve, haut la main, son amour du dessin et sa qualité de dessinateur.

Pour résumer,
Entre personnages atypiques, ambiance western, intrigue dramatique et dessin de qualité, cette nouvelle série s’ouvre sous les meilleurs auspices. Honnêtement, j’ai hâte d’en lire la suite, pour voir ce que ce croque-mort de Stern a dans le ventre ?