Mettre deux des personnages les plus populaires de l'univers Marvel ensemble dans une même série est logique, mais Hawkeye et Deadpool, ça surprend au départ. Les deux aiment les armes, mais adoptent deux styles bien différents, qui vont se rencontrer dans une mini-série explosive !
Pour être franc, la mini-série ne me tentait pas du tout à son annonce, et je l'ai complètement laissée de côté. J'ai dû attendre l'actualité VF pour m'y mettre, et contre toute attente, c'était une bonne lecture. Je n'étais pas convaincu parce qu'en général, les mini-séries sur Deadpool sont lourdes et jamais drôles (les Deadpool Kills par exemple), et que Hawkeye marchait très bien en solo. En plus, sa série, par Fraction et Lemire après lui, ne se prêtait pas forcément à l'humour toujours un peu gras de Deadpool. Pourtant, ça marche.
Le soir d'Halloween, Deadpool part dans son quartier avec l'agent Preston du SHIELD et sa fille, pour ramasser un maximum de friandises, et arrivent par magie chez un certain Clint Barton. Un homme surgit devant les deux, implorant la protection de l'Avenger, qui la lui refuse, et finit par disparaître... Une course poursuite se lance alors entre les héros et une mystérieuse association qui fait des lavages de cerveaux, pour découvrir les secrets du SHIELD.
Gerry Duggan a donc la lourde charge de faire se rencontrer deux séries qui n'ont pas grand chose en commun, et il s'en sort bien sur les 5 numéros de la série. On retrouve un Hawkeye plus proche de l'écriture de Fraction/Lemire que dans ses autres séries, et un Deadpool toujours aussi stupide. Loin d'être lourd, l'auteur évite beaucoup de lieux communs dans la série, à savoir l'affrontement de vingt pages entre les personnages pour un prétexte inutile (il y en a un, mais plutôt bien fichu), et écrit une histoire bien fun avec ses personnages.
En plus de Clint et Deadpool, on retrouve l'autre Hawkeye, Kate Bishop, qui tient un rôle plus important que prévu. Du coup, on a l'impression de lire une histoire inédite de la série Hawkeye, tant le style est respecté : les deux Hawkeye, les doubles pages de dialogues en langue des signes, le chien, tout est là. On retrouve aussi les dernières nouveautés de la série Deadpool, à savoir sa fille et l'agent Preston, qui donnent une motivation touchante et un peu surprenante au mercenaire.
Je m'attendais à quelque chose de lourd, mais en fait j'ai beaucoup ri dans cette série. Souvent chez Deadpool, les auteurs se contentent de casser le quatrième mur en parlant au lecteur sur deux pages, puis de le mettre dans des situations stupides, et Marvel en vend un milliard. Là, c'est mieux fait, plus sobre et presque mature sur certaines vannes. C'est très méta sur certaines blagues Marvel (un gamin déguisé en Uatu le Gardien après sa mort dans Original Sin, Deadpool qui commente "même moi ça me semble trop tôt": 10/10 ), ça tape sur les séries du genre, et ça se permet même une pique aux films DC à venir, bref, c'est très drôle.
La série ne s'arrête jamais, le rythme est soutenu, et sur les cinq numéros, on a un bon développement de l'intrigue, et pas mal d'action. Je ne me suis pas ennuyé sur la lecture, alors que pour lire plus de trois numéros de Deadpool à la suite, il me faut du courage. Là, amener les Hawkeye face à lui était un bon contrepoids à son humour lourd, et le mélange fonctionne.
Les dessins sont assurés par Matteo Lolli, et Jacopo Camagni est appelé en renfort sur la fin. C'est plutôt dommage de ne pas avoir assuré une continuité sur la série, mais Camagni s'en sort plutôt bien sur ses pages, très cartoon et fluide. Lolli quant à lui est très bon aussi, surtout dans sa manière de dessiner des personnages expressifs et réalistes. Les mimiques de Kate sont adorables, son Deadpool pue la défaite sur certaines pages, et les scènes d'action sont chouettes et efficaces.
Hawkeye vs Deadpool : Balles Masquées
Marvel Comics * Par Gerry Duggan, Matteo Lolli & Jacopo Camagni * 13€00
Ce n'est pas la série qui redéfinira les personnages ou l'univers Marvel, mais on passe un vrai bon moment avec. C'est la série parfaite pour la fin de l'été, elle se lit vite et on rigole bien, et en plus c'est joli. Une bonne surprise.