Titre : Profession du père
Editeur : Grasset
Date de parution : août 2015
316 pages
Le dernier Sorj Chalandon, c’est le livre de la rentrée !
Surtout ne rien en savoir avant de le lire, ne pas trop en avoir entendu parler, le lire vierge de tout commentaire pour que les phrases vous transpercent.
Ce roman, c’est la puissance de l’écriture à l’état pur. La simplicité des mots, des dialogues vrais, l’art de la formule sans ostentation, et le monde chavire, et on se retrouve dans ce huis-clos sans pouvoir bouger, sans oser respirer. De « l’asthme d’effroi ».
On tourne les pages avec terreur mais aussi avec avidité, parce que la qualité de la narration est extraordinaire. L’auteur ne démontre rien, n’explique pas, il évoque, il se souvient, il raconte et c’est plus fort que tout. Dans la France de la guerre d’Algérie se joue une tragédie à l’échelle d’une famille. Et le lecteur assiste, impuissant, mais effondré, à ces deux histoires qui s’entremêlent, se rencontrent, se servent l’une de l’autre, la grande et la petite. Et pourquoi tant de force ? parce que l’auteur a pris le parti de nous les faire vivre (h et H) à travers les yeux d’un enfant de douze ans.
J’ai lu de ci de là que l’auteur parlait de lui dans ce roman, qu’il arrivait enfin à évoquer ce père désormais mort. Peu importe. Ce roman a une portée universelle, transcendé par une écriture impitoyable.
Comme Le quatrième mur, comme Retour à Killybegs, ce roman m’a profondément marquée. C’est un énorme coup de cœur. Sorj Chalandon est depuis longtemps un auteur incontournable !