Tyler Cross (T2) Angola

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Tyler Cross, tome 2 »

Scénario de Fabien Nury, dessin de Brüno, couleurs de Laurence Croix,

Public conseillé : Adultes / grands adolescents

Style : Film de prison
Paru chez Dargaud, le 28 aout 2015,100 pages couleurs, 16.95 euros
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L’histoire

Sur son yacht, “Sid le foireux” propose à Tyler Cross un plan juteux. Herman van Geld, heureux propriétaire de la bijouterie “Van Geld et Herpal” l’invite à cambrioler son établissement. Une Arnaque à l’assurance classique et sans risque. Tyler hésite un peu mais finit par accepter…
Prison d’Angola. Sous la pluie battante, Tyler et cinq autres nouveaux prisonniers assistent, à poil, au discours du capitaine Kroeker.
Ici, c’est la politique de la tolérance zéro ! Les prisonniers qui l’emmerdent une fois ont droit à la chicote, deux fois, ils finissent dans les pétunias et ceux qui tentent de s’évader font la connaissance avec les chiens.
Tyler Cross passe la visite médicale, reçoit ses habits de taulard, et rejoint son campement.
Tyler Cross a peu de chance de passer l’hiver. Le clan de Scarfo a mis un contrat de 4.000 sur sa tête. Il peut au moins compter sur Spoon, un plouc de Caroline du nord, avec qui il a fait un coup, il y a longtemps.

Ce que j’en pense

Oh yes, Tyler Cross revient !
Il y a un an et demi, Fabien Nury (scénariste de “Il était une fois en France” et de “Mort au Tsar”, pour ne citer qu’eux), s’était acoquiné avec Brüno (dessinateur de “Atar Gul”, “Lorna”, « Junk »…) pour nous offrir une aventure hautement jouissive et parfaitement amorale.
Un antihéros 100% “Bad guy”, un soleil de plomb, des jolies pépés, et des situations utlra référencées de film de genre, les deux compères avaient tout raflés, le public, les récompenses.
C’est donc, avec espoir, que j’ai plongé dans la lecture de ce nouveau one-shot qui surfe sur le succès du premier tome.
Pour varier les plaisirs, Nury et Brüno changent radicalement de décors. Suite à un braquage qui a mal tourné, le sale type se retrouve au bagne, en Louisiane, entouré de marécages, sous une pluie quasi incessante. Dans cet enfer pénitencier et glauque, tout droit sorti d’un film de prison, Tyler n’a que peu de chance de survivre, entre les matons pourris et le gang de siciliens qui veut sa tête.
Nury et Bruno ne changent pas le concept, pour autant. L’archétype du “héros sans nom” des films de Sergio Leone et sans passé (enfin, rien qu’on connaisse) est toujours aussi mal luné et expéditif. Violent, hyper pragmatique, il s’en prend plein la poire (heureusement, sinon quel intérêt ?), mais s’en sort toujours.

Le scénar’ est aussi simple et expéditif que l’objectif du héros.
1) Tyler débarque dans le pénitencier et tente de survivre.
2) Tyler trouve comment renverser le système à son avantage.
3) Tyler s’évade et se venge.

Avec ce polar bien noir et dur, façon gangster des années cinquante, les deux auteurs s’amusent bien et nous entraînent dans leur délire. J’ai même presque préféré ce second tome au premier opus. Moins saturé de références (elles existent, mais sont moins connues et visibles), plus dense, plus efficace, c’est du bonheur vite expédié, vite digéré.

Coté dessin, pas de surprise là non plus. Brüno joue avec sa ligne claire ultra efficace et épurée. Avec 4 ou 5 strips par planches, il exploite au mieux le format panoramique. Son dessin nerveux a quand même légèrement bougé depuis le premier tome. Son trait est moins simple, plus travaillé sur les matières et les lumières. La lisibilité, elle est au rendez-vous. Hyper travaillés, les compositions et cadrages sont bossés avec précision.

Enfin, coté couleur, Laurence Croix accompagne parfaitement le récit. Gros aplats de couleurs franches et saturés. Le rouge et le jaune pètent, les bleus et vert glacent. Là aussi, ça envoie du lourd !

Pour résumer, Vous reprendrez bien un petit polar bien noir et serré ? Nury et Brüno le jouent sans état d’âme, ni morale, dans un album jouissif. Violent, ironique, dur, c’est « Tyler Cross » et c’est tout bon !