Colin, le narrateur, vient de perdre son fils Clément, âgé de douze ans, dont il avait obtenu la garde depuis son divorce d’avec Hélène. Ce décès particulièrement tragique et soudain, remet en cause et donne un nouvel éclairage au passé de parent de Colin.
Tout ce que ce père croyait savoir de son fils n’était qu’aveuglement. En se remémorant les temps récents avec Clément, Colin prend conscience que le monde a changé, le rap, les jeans baggy laissant voir la raie des fesses, tout cela est la réalité d’aujourd’hui, qu’il le veuille ou non. Tous les reproches adressés à son fils, tous ces « Plus tard, tu comprendras que c’est pour ton bien que je te disais ça, tu verras », comme il les regrette maintenant et sont la preuve de son incapacité à avoir compris son enfant. A travers le fils disparu, c’est le père qui se découvre et s’interroge sur sa propre vie, comment a-t-il mené sa barque jusqu’à maintenant, a-t-il fait les bons choix et pris les bonnes décisions ?
L’écrivain interpelle le lecteur, les rôles parents/enfants sont-ils rejoués à l’identique génération après génération. Aimer ses enfants n’est-ce pas aussi les étouffer, de quoi est fait le fameux amour parental ? Mais aussi les familles éclatées et recomposées, vie professionnelle et vie familiale etc. Des questions fondamentales qui viennent enrichir un texte superbe, l’écriture est soignée, la narration subtile et l’émotion très palpable mais très digne.
Dans la dernière partie du roman, Colin part rapidement en Afrique à Ouagadougou, à la rencontre d’une sorte de sorcier local, sensé le délivrer de la souffrance de son deuil. Même si on veut bien accepter ce voyage incongru, la fin ouverte – seul épilogue possible – laissant entendre qu’une nouvelle vie est possible pour Colin, reste un chouïa décevante dans ses dernières lignes. Ce léger bémol n’altère en rien la qualité globale du roman.