Quelle merveilleuse idée d’avoir présenté cette illustratrice anglaise, que notre pays continue consciencieusement d’ignorer hélas, alors qu’elle est fêtée et reconnue partout ailleurs. Elle est, avec Margaret Tarrant, Beatrix Potter, Arthur Rackham et quelques autres, l’un des incontournables piliers de l’art fantastique, ou féérique devrai-je écrire, car elle a voué sa vie et donc sa carrière artistique, à faire renaître ces gracieuses créatures qu’on ne semble rencontrer qu’au Royaume-Uni.
Comme pour beaucoup d’autres gens à cette époque, la croyance aux fées répondait au besoin de fuir cette société industrielle qui allait définitivement défigurer l’Angleterre, et qui blessait le coeur de ceux qui préféraient une vie simple, proche de la nature.
La campagne anglaise abritait, et abrite peut-être encore, des fées et des lutins, créatures insouciantes vivant en parfaite harmonie avec le monde végétal.
Cicely était douée pour le dessin certes, mais elle était aussi une excellente botaniste, et chacune de ses fées, chacun de ses petits elfes, est attaché à un végétal en particulier. essentiellement des essences rustiques, hôtes des bois et des haies qu’elle chérissait tant.
Les fées sont les protectrices des fleurs sauvages, du sorbier, du troène, du sureau, du noisetier, évoquant la nature ordinaire, celle que Cicely ne se lassait jamais de contempler. Les illustrations sont accompagnées de courts poèmes, frais et légers comme une brise de printemps.
Les petites créatures ont la grâce enchanteresse des enfants qui régnaient sur le maison de Cicely, et qui furent ses modèles pendant de nombreuses années.
Pierre Dubois, notre spécialiste français de la féérie, ne pouvait manquer évidemment de présenter cette femme hors du commun et il a donc signé la très belle présentation de cet ouvrage, une biographie bien poétique de Cicely Mary Barker qui m’a enthousiasmée. A eux deux, ils donnent non seulement envie de relire Peter Pan, Alice ou le Seigneur des Anneaux, mais aussi de planter dans son jardin des fleurs et des arbres vénérables dans l’espoir d’y accueillir, outre la petite faune sauvage, les fées de notre enfance.