Les éditions Bragelonne (merci à vous !) ont eu la fantastique idée de rééditer le premier tome du Paris des Merveilles. L’Elixir d’oubli était introuvable depuis plusieurs années, ce qui était diablement rageant, mais il se trouve désormais dans ma bibliothèque, tandis que l’ami Pevel a eu la bienheureuse idée de concocter un troisième volume, le Royaume immobile. Bragelonne a donc sorti le tout, agrémenté des somptueuses couvertures dont ils ont le secret.
Ayant acheté les tomes 2 et 3 dès leur sortie, je me suis replongée pour l’occasion dans la relecture de ces Enchantements. Plaisir intact…
J’ai su, dès que j’ai lu la trilogie des Lames du Cardinal, que Pierre Pevel figurerait parmi mes écrivains favoris. Je n’ai pas changé d’avis et quand je manque d’enthousiasme pour une lecture, quand je ressens un petit passage à vide, vite, je retourner piocher un de ses titres.
« Les contes d’autrefois, ainsi que les fabuleuses créatures qui les inspirèrent, ont une patrie. Cette patrie se nomme l’OutreMonde. Ne la cherchez pas sur une carte, même millénaire. L’OutreMonde n’est ni un pays, ni une île, ni un continent, l’OutreMonde est… un monde, ma foi. Là vivent les fées et les licornes, les ogres et les dragons. Là prospèrent des cités et des royaumes que nous croyons légendaires. Et tout cela, au fil d’un temps qui s’écoule autrement. »
Voilà une délicieuse entrée en matière non ? C’est dans un Paris merveilleux où cohabitent humains et créatures féérique, en 1909, que débutent les aventures de Louis Denizart Hippolyte Griffont (fervent lecteur de Dumas !), un mage, ou plutôt un gentleman-magicien (j’adore ce terme !) chargé d’enquêter sur un trafic d’objets enchantés. L’auteur nous entraîne dès les premières lignes dans un savoureux récit d’aventures qui a le parfum de ces fabuleux romans-feuilletons du XIXème siècle. Hommage non déguisé à cette littérature qui porte cependant la marque de l’écrivain.
Louis devra faire équipe avec la belle et redoutable Isabel de Saint-Gil, une fée en exil, à la fois espionne et cambrioleuse, qui est toujours accompagnée de ses deux hommes de main, deux personnages savoureux : Lucien Labricole et Auguste, très titis parisiens.
On y trouve tous les ingrédients que j’aime : de l’action, de l’aventure, un brin de suspense, de la magie, du romantisme, de l’humour et des créatures fabuleuses (dont les dragonnets que j’ai eu plaisir à fugitivement retrouver et des chats-ailés fort sympathiques). Les personnages sont attachants et bien campés, et les bonnes trouvailles nombreuses : une reine maléfique, des gargouilles terrifiantes, un train magique qui transporte de drôles de personnages (avec à leur tête le Petit Maître des Rêves) et des arbres qui parlent !
Et pourtant, tout ceci s’intègre fort bien dans le Paris du 19ème siècle : aucune situation ne parait farfelue, l’équilibre est trouvé entre la réalité et Ambremer, notre gentleman-magicien faisant naturellement le lien entre ces deux univers. Je n’ai qu’une petite réserve à émettre, le combat final est expédié un peu trop rapidement à mon goût, mais j’aime toujours autant l’écriture de Pierre Pevel.
Vous pensez bien comme il me tarde de retrouver mes deux héros…