Une fin d’été qui ronronne encore et les premiers balbutiements de la rentrée qui résonnent déjà en sourdine… Me voici de retour ici, dans notre bel espace, pour vous livrer mon premier billet de lecture, dois-je dire de fin d’une période ou de début d’une autre, je l’appellerai donc « ma chronique d’entre d’entre-deux saisons… »
Romain a 44 ans, enseigne la sociologie à l’université et vient de publier une étude acerbe sur la culture et les mœurs françaises. Lassé, amer, plus grand chose n’a d’importance dans sa vie, hormis peut-être les femmes et les voyages. Alors, certes il aime les femmes mais il joue un jeu de séducteur acharné plutôt que celui d’amoureux transi et sa passion pour les voyages n’est sans doute que le reflet de son dégoût pour la France. Mais tout cela a-t-il un sens ?
Ainsi, il se morfond dans la morosité et l’aigreur lorsqu’il accepte une invitation à participer au colloque à Moscou pour y présenter ses thèses. Là-bas, il fera la connaissance de Janka, 25 ans, étudiante en histoire des civilisations. Il se montre d’abord circonspect et repousse les avances de la belle étudiante, se donnant comme premier prétexte de ne pas céder à une jeune femme dont il pourrait être le père et ensuite parce que ses pensées se tournent surtout vers l’offre que lui a faite une université américaine prestigieuse afin qu’il y enseigne.
Mais cet homme las et meurtri de solitude fléchira-t-il devant les atouts de la belle Janka ?
Dans ce pamphlet, l’auteur nous livre le parcours d’un héros hostile, rongé de solitude et d’amertume qui se retranche dans un cocon de haine de sa France natale et de ses racines culturelles. Comme à l’accoutumée, Nicolas Fargues nous entraîne dans un pas de deux à la fois enjoué et cynique où se mêlent des sujets graves comme la fatigue de soi, la peur irraisonnée de vieillir et la répulsion de son pays.
Et dans les tréfonds du cœur de ce héros désarçonné résonne le glas d’une grande colère prête à éclater à la moindre étincelle…
Un roman qui se lit comme un billet d’humeur aigre-doux mais qui traverse la mémoire sans s’y attarder très longtemps…
Au pays du p’tit de Nicolas Fargues, éd. P.O.L.
Date de parution : 20/08/2015