La poésie affirme, montre ; elle ne démontre pas, ni ne prêche. Elle ne s’explique pas – ne se justifie pas. D’autres formes existent pour ces discours nécessaires.
Les poètes chantent, et c’est leur force.
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L’authenticité – qui est respect de soi – exige force et volonté. Ces vertus s’apprennent beaucoup par l’admiration. La littérature d’Homère offrait, entre autres, Ulysse comme modèle. À quels modèles ont droit les jeunes du Québec ?
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L’art comporte son côté yin et son côté yang. Une partie surtout passive – qui reçoit le travail d’un autre ; et une partie active – qui l’a créé.
Le spectateur accueille la dramaturgie ou la fiction écrite tout en la réinterprétant. Celui qui a choisi la forme est le créateur. Il a choisi celle qu’il croyait convenir à son propos ou à son talent. Les spectateurs, lecteurs, auditeurs choisissent aussi leurs formes. En préférant un mode d’expression à un autre, un auteur à un autre, le roman à la nouvelle, etc.
Chacun trouve la forme qui lui sied. Pour créer ou recevoir.
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Relecture de l’ouvrage de Diogène Laërce sur la vie de philosophes antiques. Il rapporte cette parole de Solon, législateur d’Athènes et l’un des Sept Sages : « Les lois ressemblent à des toiles d’araignées : si un insecte faible y tombe, il est enveloppé ; un plus fort les brise et s’échappe. »
Peut-on trouver plus actuel ? Les techniques se démodent, mais les jugements sur les comportements humains et les faits sociaux modifient leur vocabulaire, mais ne se démodent pas.
Toujours chez Diogène, cette citation d’un philosophe sur le langage : « Myson disait que ce n’est pas dans les mots qu’il faut chercher l’intelligence des choses, mais dans les choses celle des mots, parce que les mots sont subordonnés aux choses, et non les choses, aux mots. »
Et cette autre citation sur Socrate, qui engendre des réflexions pour une vie sur l’art : « Socrate s’étonnait de ce que les statuaires fissent tous leurs efforts pour façonner la pierre à l’image de la nature, et se donnassent si peu de peine pour ne pas ressembler eux-mêmes à la pierre. »
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur . On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).