L’auteur a choisi l’Amérique du sud, et plus précisément Buenos Aires en Argentine pour situer son roman.
Nous sommes ici en 1987, quelques années après la dictature et ses horribles crimes. Lisandra Puig vient d’être retrouvée morte, défenestrée, au pied de son immeuble. La police suspecte aussitôt Vittorio, le mari.
Vittorio est psychanalyste. Dans son cabinet, il reçoit des gens de tout bord, dont Eva Maria, que l’on va suivre tout au long du roman. Celle-ci croit en l’innocence de Vittorio et décide coûte que coûte de prouver son innocence. Elle est prête à tout pour le disculper, y compris à récupérer les cassettes audios des dernières séances de ses patients. Eva Maria est persuadée que l’assassin se trouve parmi ces patients.
Pour ma part, ces enregistrements que l’on trouve retranscrits dans le roman, représentent la part la plus fascinante du livre . Parmi ces patients, on trouve aussi bien des bourreaux que des victimes de la dictature . L’un des patients m’ayant le plus marqué, est Miguel, un pianiste. Il raconte dans les moindres détails les tortures qu’il a subi pour avoir voulu mettre la musique classique à la portée du peuple.
Eva Maria elle-même est une victime de la dictature, plongée dans l’alcool depuis l’enlèvement et la disparition de sa fille Stella. Tellement noyée dans ce chagrin, qu’elle en oublie la présence de son fils, qui lui, souffre aussi.
Ce qui m’a séduit dans ce livre, c’est qu’ au fur et à mesure qu’avance l’enquête, se dessine une vérité sans cesse distordue où les personnages se révèlent troubles et changeants. Pourtant, plus on avance dans la lecture, et plus on se rapproche de Lisandra, femme sensuelle, amoureuse et terriblement blessée. Jusqu’ici, je n’avais jamais trouvée au cours de mes lectures, une description aussi précise des affres de la jalousie.
En bref :
J’ai adoré la garçonnière pour différentes raisons.
Avant tout, c’est d’abord l’histoire d’une passion qui cède à l’habitude et la lassitude pour l’un et à la souffrance pour l’autre .
En filigrane, c’est un puissant témoignage sur la vie après la dictature, où ex-bourreaux et ex-victimes se croisent tous les jours, où lors d’une soirée, une voix vous trouble car elle vous rappelle celle d’un geôlier, où il vous est impossible de faire le deuil d’un être cher disparu faute d’avoir trouvé le corps.
Et bien sûr, la garçonnière, c’est cette fin vertigineuse à laquelle on ne s’attendait pas du tout mais je n’en dirais pas plus…………
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