3 polars français au banc d'essai #1

Hello !
Après les polars suédois, ce sont sur les polars français que j'ai voulu me pencher ! Petit supplément ici, en plus d'être français, les trois auteurs ont un second point commun ;-) J'ai choisi trois auteurs très en vogue en ce moment : Michel Bussi, Franck Thilliez et Bernard Minier.
3 polars français au banc d'essai #1
3 polars français au banc d'essai #1Nymphéas noirs, Michel Bussi

3 polars français au banc d'essai #1Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels. Au coeur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit tout et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps.

Nymphéas noirs, c’est l’histoire de trois femmes de trois âges différents. « La troisième, la plus jeune, s'appelait Fanette Morelle; la deuxième s'appelait Stéphanie Dupain; la première, la plus vieille, c'était moi. » A Giverny, village impressionniste de Claude Monet devenu le temple du tourisme pictural, leurs vies sont bouleversées par la mort de Jérôme Morval. Retrouvé avec une carte postale sur laquelle il y a marqué « Onze ans. Joyeux anniversaire », l’ophtalmologue laisse en effet de nombreux secrets derrière lui… Inlassablement, toutes les pistes semblent mener à (au moins) l’une de ces trois femmes. Qu’ont-elles en commun ? Quelle est la nature de cet homicide : Crime d’un mari jaloux ? Meurtre lié au trafic de toiles ? Assassinat à cause d’un enfant illégitime ? L’inspecteur Laurenç Serenac et son adjoint Sylvio Benavides mènent l’enquête. L’univers de cette enquête est bien travaillé et très intéressant : Giverny, les peintres impressionnistes, les nymphéas… le monde de la peinture et plus particulièrement du mouvement impressionniste est au coeur de l’enquête ; concours de peinture, interrogatoires de galéristes et recherches dans les musées normands rythment ainsi les journées des deux inspecteurs. Du point de vue policier, l’enquête est elle aussi intéressante et bien amenée. La curiosité du lecteur est vraiment piquée et on ne se perd pas en digressions inutiles, le rythme est donc au rendez-vous de cette lecture dont le suspens est maintenu jusqu’à la fin. Bien pensée, la résolution du meurtre est ludique. Sans nous retourner avec fracas, elle nous étonne et nous satisfait amplement - on aurait presque envie de relire immédiatement le roman avec le regard de « celui qui sait ». Et sans prétention, au-delà de l’enquête, c’est aussi l’occasion de se demander à quoi tient une vie : « Une vie, tu sais, Fanette, c'est juste deux ou trois occasions à ne pas laisser passer. »

« La coïncidence vous apparaît peut-être dérangeante ? Exagérée ? Soyez alors certains d'une chose, d'une seule : il n'existe aucune coïncidence dans toute cette série d'évènements. Rien n'est laissé au hasard dans cette affaire, bien au contraire. Chaque élément est à sa place, exactement, au juste moment. Chaque pièce de cet engrenage criminel a été savamment disposée et croyez-moi, je peux vous le jurer sur la tombe de mon mari, rien ne pourra l’arrêter. » p.106-1073 polars français au banc d'essai #1l'anneau de Moebius, Franck Thilliez

Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une ex-star du porno torturée, une mise en scène macabre, et une plongée dans le monde interlope des déviants sexuels et des monstres de la nature.
Depuis toujours, Stéphane Kismet est, quant à lui, hanté par des images prémonitoires mais cette fois elles obéissent à une indéchiffrable et terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte…
Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre. C'était écrit.
L'un n'a encore rien vu, l'autre ignore qu'il sait déjà tout…3 polars français au banc d'essai #1


Le jeune Victor Marchal commence à peine à travailler dans la police qu'il doit déjà faire ses armes avec une enquête des plus sordides : une jeune femme vient d'être retrouvée brutalement assassinée, le corps mutilé, apparemment torturée. De son côté, Stéphane Kimset travaille pour des sociétés de production et réalise des monstres, cadavres, mannequins en tous genre pour les films d'horreur. Depuis quelques jours, il rêve ; cela ne lui était pas arrivé depuis dès années. Malheureusement, ses rêves sont bien sordides et ont surtout l'air plus vrais que nature... Même si les deux hommes ne se connaissent pas, leurs chemins vont se croiser autour de personnages hors-normes.
L'Anneau de Moebius m'est tombé dans les mains un peu par hasard, puisque c'était un livre offert pour l'achat de deux pocket. J'étais assez dubitative vis-à-vis de cette histoire : la quatrième de couverture restait assez vague et je pensais (bêtement) découvrir Franck Thilliez par son best seller Puzzle. Ca aurait pourtant été dommage de passer à côté de L'Anneau de Moebius ! J'ai trouvé dans ce livre tout ce que j'aime dans un policier : des personnages sympa mais pas surfaits, qui sont intéressants de par ce qui leur arrive et pas parce qu'ils sont une personnalité soi-disant héroïque, une intrigue intéressante et qui démarre rapidement, un bon rythme, et un petit plus qui fait la différence. Ici c'est l'aspect assez surnaturel des rêves de Stéphane et l'atmosphère très sanglante et terrifiante de l'enquête. J'ai vraiment aimé l'aspect surnaturel voire scientifique "de cette enquête ! Je ne veux pas vous en dire plus pour vous laisse le plaisir que la surprise, mais foncez pour L'Anneau de Moebius !

« Ils s'engagèrent dans une salle remplie d'étagères, sur lesquelles vieillissaient, derrière les vitrines, des centaines de membres de squelettes ou de pièces en cire. Sylvie s'approcha, les doigts sur la bouche. C'était dégoûtant, bien plus répugnant que les moulages de Stéphane, car ici, presque tout était réel. Il s'agissait de personnes qui avaient vécu, supporté la maladie, et surtout souffert. Elle tourna la tête vers un ensemble de mâchoires déformées. Des lésions en plâtre, en bois sculpté, en cire, représentaient des pathologies aux noms imprononçables. Le squelette complet d'un homme atteint d'ostéopériostite pianique, avec des tibias en lame de sabre. Puis, encore, des syphilis osseuses, des kystes gliomateux, des bassins dystociques, des tuberculoses ostéo-articulaires, des ostéomyélites chroniques, des cals vicieux, des ostéosarcomes pulsatifs. Tout ce que la nature pouvait produire en horreur, en violences de chair, paradait ici, à Dupuytren. » p.1253 polars français au banc d'essai #1Glacé, Bernard Minier

3 polars français au banc d'essai #1Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d’un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d’altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ? Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l’extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !

Si le cheval retrouvé mort et atrocement mutilé en haut d'un téléphérique glace le sang de tout le village de Saint-Martin dans les Pyrénées, le commandant Servaz est quant à lui plutôt sceptique : pourquoi enquêter sur la mort d'un cheval alors que des innocents meurent chaque jour ? Malgré lui, et à cause de l'influence politique et économique non négligeable du propriétaire du cheval Eric Lombard -qui est aussi le riche dirigeant d'un groupe multinational-, Servaz fera quand même équipe avec Irène Ziegler pour trouver le meurtrier de l'animal. Petit et petit, ils vont se rendre compte que le meurtre de ce cheval n'est en fait que le début d'une sombre série de meurtres...
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette enquête. Malgré la violence du meurtre du cheval, j'ai mis du temps à m'intéresser à cette histoire et à y voir une vraie enquête policière. Et malheureusement, pendant le bon premier tiers du livre, alors que je m'ennuyais à mourir et hésitais même à abandonner, j'ai pu noter tous les défauts que je trouvais dans cette histoire et bien m'en agacer. Par exemple, j'ai moyennement apprécié le côté très politique de l'enquête qui faisait de Martin un policier faussement rebelle. En effet, je n'ai pas du tout accroché à ce personnages qui ressemblait plus à une caricature qu'à un être humain selon moi : c'est un bon flic car il est investi dans son travail, obstiné, réfléchi, il s'oppose à la hiérarchie et a derrière lui une enfance et une histoire familiale douloureuses qui ont tendance à le victimiser parfois. Il est présenté en héros et j'ai trouvé ça assez ennuyant et banal. Autre élément important de Glacé, c'est la volonté qu'a eu l'auteur de donner un aspect très littéraire à son texte. Bernard Minier met un soin tout particulier à décrire les décors et à donner un rythme à ses mots, plutôt étonnant dans un roman policier mais assez appréciable ! Vous l'avez compris : Glacé est loin d'avoir été un coup de cœur pour moi -il s'agit même plutôt d'une petite déception. L'enquête a été trop longue à démarrer et n'a su que trop peu m'intéresser, et j'ai trouvé le suspens très moyen. Un polar qui ne m'a malheureusement pas fait vivre beaucoup d'émotion.

« La ville était plus étendue qu'il ne l'aurait cru. A travers la grisaille, il distinguait à peine les grands champs de neige par où il était arrivé, ainsi qu'une zone industrielle et des campings à l'est, de l'autre côté de la rivière. Il y avait aussi plusieurs cités HLM constituées d'immeubles bas et longs. Le centre-ville, avec son écheveau de petites rues, s'étalait au pied de la plus haute des montagnes environnantes. Sur ses pentes couvertes de sapins, une double rangée de télécabines traçait une faille verticale.

La brume et les flocons introduisaient une distance entre la ville et lui, gommant les détails - et il se dit que Saint-Martin ne devait pas se livrer facilement, que c'était une ville à aborder obliquement, et non de manière frontale. » chapitre 2, p.26-27
Quelques touches de surnaturel, des héros charismatiques au passé trouble... Comment définiriez-vous les polars français ? Avez-vous lu certains des auteurs présentés ici ? Privilégiez-vous les romans connus ou les autres, méconnus ? D'autres auteurs de polars français vont suivre ;-)3 polars français au banc d'essai #1