Après les polars suédois, ce sont sur les polars français que j'ai voulu me pencher ! Petit supplément ici, en plus d'être français, les trois auteurs ont un second point commun ;-) J'ai choisi trois auteurs très en vogue en ce moment : Michel Bussi, Franck Thilliez et Bernard Minier.
« La coïncidence vous apparaît peut-être dérangeante ? Exagérée ? Soyez alors certains d'une chose, d'une seule : il n'existe aucune coïncidence dans toute cette série d'évènements. Rien n'est laissé au hasard dans cette affaire, bien au contraire. Chaque élément est à sa place, exactement, au juste moment. Chaque pièce de cet engrenage criminel a été savamment disposée et croyez-moi, je peux vous le jurer sur la tombe de mon mari, rien ne pourra l’arrêter. » p.106-107
Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une ex-star du porno torturée, une mise en scène macabre, et une plongée dans le monde interlope des déviants sexuels et des monstres de la nature.
Depuis toujours, Stéphane Kismet est, quant à lui, hanté par des images prémonitoires mais cette fois elles obéissent à une indéchiffrable et terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte…
Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre. C'était écrit.
L'un n'a encore rien vu, l'autre ignore qu'il sait déjà tout…
Le jeune Victor Marchal commence à peine à travailler dans la police qu'il doit déjà faire ses armes avec une enquête des plus sordides : une jeune femme vient d'être retrouvée brutalement assassinée, le corps mutilé, apparemment torturée. De son côté, Stéphane Kimset travaille pour des sociétés de production et réalise des monstres, cadavres, mannequins en tous genre pour les films d'horreur. Depuis quelques jours, il rêve ; cela ne lui était pas arrivé depuis dès années. Malheureusement, ses rêves sont bien sordides et ont surtout l'air plus vrais que nature... Même si les deux hommes ne se connaissent pas, leurs chemins vont se croiser autour de personnages hors-normes.
L'Anneau de Moebius m'est tombé dans les mains un peu par hasard, puisque c'était un livre offert pour l'achat de deux pocket. J'étais assez dubitative vis-à-vis de cette histoire : la quatrième de couverture restait assez vague et je pensais (bêtement) découvrir Franck Thilliez par son best seller Puzzle. Ca aurait pourtant été dommage de passer à côté de L'Anneau de Moebius ! J'ai trouvé dans ce livre tout ce que j'aime dans un policier : des personnages sympa mais pas surfaits, qui sont intéressants de par ce qui leur arrive et pas parce qu'ils sont une personnalité soi-disant héroïque, une intrigue intéressante et qui démarre rapidement, un bon rythme, et un petit plus qui fait la différence. Ici c'est l'aspect assez surnaturel des rêves de Stéphane et l'atmosphère très sanglante et terrifiante de l'enquête. J'ai vraiment aimé l'aspect surnaturel voire scientifique "de cette enquête ! Je ne veux pas vous en dire plus pour vous laisse le plaisir que la surprise, mais foncez pour L'Anneau de Moebius !
« Ils s'engagèrent dans une salle remplie d'étagères, sur lesquelles vieillissaient, derrière les vitrines, des centaines de membres de squelettes ou de pièces en cire. Sylvie s'approcha, les doigts sur la bouche. C'était dégoûtant, bien plus répugnant que les moulages de Stéphane, car ici, presque tout était réel. Il s'agissait de personnes qui avaient vécu, supporté la maladie, et surtout souffert. Elle tourna la tête vers un ensemble de mâchoires déformées. Des lésions en plâtre, en bois sculpté, en cire, représentaient des pathologies aux noms imprononçables. Le squelette complet d'un homme atteint d'ostéopériostite pianique, avec des tibias en lame de sabre. Puis, encore, des syphilis osseuses, des kystes gliomateux, des bassins dystociques, des tuberculoses ostéo-articulaires, des ostéomyélites chroniques, des cals vicieux, des ostéosarcomes pulsatifs. Tout ce que la nature pouvait produire en horreur, en violences de chair, paradait ici, à Dupuytren. » p.125
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette enquête. Malgré la violence du meurtre du cheval, j'ai mis du temps à m'intéresser à cette histoire et à y voir une vraie enquête policière. Et malheureusement, pendant le bon premier tiers du livre, alors que je m'ennuyais à mourir et hésitais même à abandonner, j'ai pu noter tous les défauts que je trouvais dans cette histoire et bien m'en agacer. Par exemple, j'ai moyennement apprécié le côté très politique de l'enquête qui faisait de Martin un policier faussement rebelle. En effet, je n'ai pas du tout accroché à ce personnages qui ressemblait plus à une caricature qu'à un être humain selon moi : c'est un bon flic car il est investi dans son travail, obstiné, réfléchi, il s'oppose à la hiérarchie et a derrière lui une enfance et une histoire familiale douloureuses qui ont tendance à le victimiser parfois. Il est présenté en héros et j'ai trouvé ça assez ennuyant et banal. Autre élément important de Glacé, c'est la volonté qu'a eu l'auteur de donner un aspect très littéraire à son texte. Bernard Minier met un soin tout particulier à décrire les décors et à donner un rythme à ses mots, plutôt étonnant dans un roman policier mais assez appréciable ! Vous l'avez compris : Glacé est loin d'avoir été un coup de cœur pour moi -il s'agit même plutôt d'une petite déception. L'enquête a été trop longue à démarrer et n'a su que trop peu m'intéresser, et j'ai trouvé le suspens très moyen. Un polar qui ne m'a malheureusement pas fait vivre beaucoup d'émotion.
« La ville était plus étendue qu'il ne l'aurait cru. A travers la grisaille, il distinguait à peine les grands champs de neige par où il était arrivé, ainsi qu'une zone industrielle et des campings à l'est, de l'autre côté de la rivière. Il y avait aussi plusieurs cités HLM constituées d'immeubles bas et longs. Le centre-ville, avec son écheveau de petites rues, s'étalait au pied de la plus haute des montagnes environnantes. Sur ses pentes couvertes de sapins, une double rangée de télécabines traçait une faille verticale.
La brume et les flocons introduisaient une distance entre la ville et lui, gommant les détails - et il se dit que Saint-Martin ne devait pas se livrer facilement, que c'était une ville à aborder obliquement, et non de manière frontale. » chapitre 2, p.26-27Quelques touches de surnaturel, des héros charismatiques au passé trouble... Comment définiriez-vous les polars français ? Avez-vous lu certains des auteurs présentés ici ? Privilégiez-vous les romans connus ou les autres, méconnus ? D'autres auteurs de polars français vont suivre ;-)