Prenez une romancière et un chanteur, confrontez le travail de fiction de la première à l'imagination du second, attendez à peine... Vous aurez un ouvrage peu commun, le splendide "Les gens dans l'enveloppe", superbe roman et passionnante enquête d'Isabelle Monnin que complètent douze chouettes chansons écrites par Alex Beaupain, inspirées bien entendu des textes, et interprétées en partie par les personnes rencontrées lors de l'enquête (JC Lattès, 384 pages et 1 CD)!
Lors de son passage à Bruxelles, la romancière me précise:
Le roman est entièrement composé à partir des photographies de l'enveloppe. Isabelle Monnin imagine une jeune fille, à qui elle donne le prénom de Laurence, ses parents, sa grand-mère, d'autres membres de la famille. Les photos inspirent l'ancienne journaliste qui y retrouve son décor d'enfance personnel. Son empathie donne naturellement vie à ces portraits de papier, son aisance de romancière leur imagine mille épisodes, jusqu'en Argentine. Cela et son attention à la langue rendent la lecture extrêmement réjouissante.
De son côté, Alex Beaupain a aussi rencontré les "gens dans l'enveloppe". Il leur a demandé leurs chansons préférées. En a écrit dix pour eux. Il en interprète certaines, a appelé ses potes Camélia Jordana, Clotilde Hesme ou Françoise Fabian pour d'autres. Il a même invité les "gens dans l'enveloppe" à interpréter des chansons ou à lire des textes. Tout cela est extrêmement réussi et plaisant.
A noter que tous les textes des chansons sont repris dans le livre et qu'on peut lire le début de ce bijou qu'est "Les gens dans l'enveloppe" ici.
Isabelle Monnin. (c) Claire Garate.
Le sujet du livre se dévoile dès le titre. Ce sont "les gens dans l'enveloppe". Pourquoi "dans l'enveloppe"? Isabelle Monnin s'en explique en quatrième de couverture: "En juin 2012, j'achète à un brocanteur sur internet un lot de 250 photographies d'une famille dont je ne sais rien. Les photos m'arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l'enveloppe, il y a des gens, à la banalité familière, bouleversante. Je décide de les inventer puis de partir à leur recherche. Un soir, je montre l'enveloppe à Alex. Il dit: "On pourrait aussi en faire des chansons, ce serait bien.""Lors de son passage à Bruxelles, la romancière me précise:
"J'ai acheté un lot de photos il y a trois ans. Cette famille me rappelait le décor de mon enfance. D'abord un lot de 60 polaroids. Puis le vendeur m'a proposé un lot de 200 autres photos papier de la même famille. J'étais attirée. Il n'y a pas de hasard. Mais je n'ai pas acheté les photos pour en faire un livre. Je trouvais juste dingue de les avoir. Elles étaient un petit trésor que je cachais dans mon tiroir. Un jour, à peu près un an après mon achat, s’est levée l'idée d’en faire un livre. Elle était limpide, évidente, claire. Je me suis dit que c'était donc une très bonne idée!""Les gens dans l'enveloppe" est une œuvre littéraire aussi originale que réussie, réunissant sous la même couverture un roman, une enquête et des chansons. Sans oublier l'album photo! Allons-y dans l'ordre de la lecture.
Le roman est entièrement composé à partir des photographies de l'enveloppe. Isabelle Monnin imagine une jeune fille, à qui elle donne le prénom de Laurence, ses parents, sa grand-mère, d'autres membres de la famille. Les photos inspirent l'ancienne journaliste qui y retrouve son décor d'enfance personnel. Son empathie donne naturellement vie à ces portraits de papier, son aisance de romancière leur imagine mille épisodes, jusqu'en Argentine. Cela et son attention à la langue rendent la lecture extrêmement réjouissante.
"C'est mon quatrième roman, mais je creuse toujours mon même sillon, la trace de la vie des gens - pour moi, toutes les vies sont intéressantes. J'ai voulu trouver la vérité de leur histoire par une fiction et par une enquête. Mon roman est aussi de la sociologie. Les photos racontent une histoire: l'absence de mère, une grande tristesse, le petit nombre d'enfants, le fait que les photos aient été abandonnées... Tout cela permet de raconter une histoire. Un autre écrivain les aurait-il vues qu'il en raconterait sans doute une autre. Alex Beaupain est intervenu lors de mon enquête, j'avais fini la fiction."Bien sûr, en lisant le roman, on se pose plein de questions sur les personnages, sur les "gens dans l'enveloppe". Quels destins la romancière leur donne-t-elle! Sans savoir alors qu'on y trouvera réponse dans la seconde partie du livre, une enquête de près de deux ans. Car Isabelle Monnin a retrouvé dans la vraie vie les héros qu'elle avait créés sur le papier. Et il est formidable de suivre toutes les phases de son enquête dûment datée - il n'y a que deux ans qu'elle a quitté le journalisme - avec lesquelles résonnent plusieurs éléments de sa vie personnelle.
"Pour moi, le plus vertigineux de ce livre est d'avoir rencontré mes personnages. Ensuite, qu'en partant à la recherche d'inconnus, j'en vienne à parler de moi. L'écueil du livre aurait été de ne pas retrouver les "gens dans l'enveloppe". Mais je n'avais pas de crainte qu'ils ne me parlent pas. Finalement, ce livre est plus l’histoire d'une rencontre qu'une enquête."Un livre qui se lit avec de plus en plus d'avidité au fur et à mesure qu'on avance dans les chapitres. Le déroulé de l'enquête montre tant de coïncidences entre la fiction et la réalité! La découverte de l'emplacement du village, pas loin du berceau familial de l'auteure. La chance que la maison des photos anciennes soit à vendre. La rencontre de nombreuses personnes qui se souviennent du passé et, bien entendu, celle avec les "gens" eux-mêmes! C'est passionnant de bout en bout. Mais il faut être douée pour avoir perçu tout ce que ces photos disaient silencieusement. Et ouverte aux autres pour que leurs voix réelles sonnent ainsi. La découverte des "gens dans l'enveloppe" et de leurs existences en phases d'approche successives est un vrai bonheur.
"Les premiers lecteurs du livre ont été les "gens dans l'enveloppe" eux-mêmes avant même mon éditrice. Ils n'ont rien enlevé au texte, juste précisé certaines choses ou changé quelques détails. Aujourd'hui, nous sommes toujours en contact. Et la maison est toujours à vendre."La lecture des "Gens dans l'enveloppe" terminée, on se dit que la focale sur le personnage principal s'est déplacée entre la partie fiction et la partie enquête et qu'il ressort des pages une grande impression de solitude, que les "gens" ont apprivoisée, chacun à leur manière. Voilà un livre qui réjouit par son inventivité, son empathie et son goût pour les mots. Avec ce quatrième roman, Isabelle Monnin creuse aussi son sillon de romancière qui compte.
De son côté, Alex Beaupain a aussi rencontré les "gens dans l'enveloppe". Il leur a demandé leurs chansons préférées. En a écrit dix pour eux. Il en interprète certaines, a appelé ses potes Camélia Jordana, Clotilde Hesme ou Françoise Fabian pour d'autres. Il a même invité les "gens dans l'enveloppe" à interpréter des chansons ou à lire des textes. Tout cela est extrêmement réussi et plaisant.
A noter que tous les textes des chansons sont repris dans le livre et qu'on peut lire le début de ce bijou qu'est "Les gens dans l'enveloppe" ici.