Le premier tome de Batman Eternal avait été un véritable coup de cœur. Scott Snyder et James Tynion IV nous proposant une histoire tentaculaire aux nombreuses ramifications. Beaucoup de rebondissements, de nombreux personnages, de l’action, une pléiade de dessinateurs. Le risque résidant dans le mode de publication, un épisode par semaine pendant un an, ce n’est pas rien. Et si le premier volume ne souffrait absolument pas de cette publication, ce n’est déjà plus le cas pour le second.
(Contenu : Batman Eternal #14-26)
Le Commissaire Gordon emprisonné après une bavure dont il n'est pas responsable... Le gangster d'antan, Carmine Falcone, de retour à Gotham... Les détenus d'Arkham qui prennent possession de l'Asile... Alfred renoue avec sa propre fille perdue de vue... et dans l'ombre, un mystérieux comploteur tire les ficelles de tous ses événements poussant à bout Batman et ses plus proches alliés.Dire que le rythme était soutenu dans ce premier volume est un doux euphémisme ! Il n’y a qu’à voir, à la fin du premier tome, et des treize premiers épisodes, Gordon se retrouvait en prison pour les homicides de plus d’une centaine de personnes, Batman se retrouvait en plein cœur d’une sanglante guerre des gangs avec rien de moins que Carmine Falcone (!!!) face au Pingouin, Batgirl, Batwoman et Jason Todd se retrouvaient en Amérique du Sud, RedRobin et la jeune Harper Rowcherchaient une explication aux événements des Narrows et les nanobots, Stephanie Brown tentait d’éviter de se faire tuer par son père, tandis que Batwing et Jim Corrigan tentaient de comprendre les événements surnaturels ayant lieu à l’Asile d’Arkham. Pas mal d’événements, intéressants au demeurant, mais l’on se doute aisément que cela ne pourra tenir sur quatre tomes.
Et dès ce deuxième volume, même si l’intrigue principale arrive à nous tenir en haleine (j’en reparlerais plus bas), on commence à percevoir certaines intrigues comme des intrigues de remplissages, elles traînent en longueur et n’apportent pas toujours grand-chose. Comme le voyage dans les égouts avec Croc, le séjour en Amérique du Sud de Batgirl et compagnie. Même si cela débouche sur un petit truc (relation forte entre Barbara et Jason, le nouveau rôle de Croc), ce ne sont pas des événements marquants, majeurs. Mais comment en vouloir aux scénaristes, cinquante-deux épisodes en un an ce n’est pas rien, c’est du boulot, et faire du sensationnel à chaque épisode est mission impossible, où l’on tombe dans le ridicule.
L’autre souci, c’est l’absence de surprise. La traitrise d’un personnage, dans le chapitre #21 était convenue depuis le début. L’existence de deux personnages identiques ne pouvant rien apporter dans un titre, il était donc évident que le nouveau était un traitre.Ce qui nous emmène à l’histoire principale, qui s’avère être en fait une destruction pure et simple de tout ce (ceux) à quoi tient Bruce Wayne. Tout cela est personnel ! Du moins… pour le moment… Car, si je suis assez content de revoir un personnage comme Falcone, il était évident qu’il n’était pas le grand méchant se cachant derrière se chaos à Gotham, mais un simple pion. Impossible que le maître cerveau derrière tout ceci ne se révèle si vite. On apprend donc qu’il œuvre pour quelqu’un d’autre, un autre revenant ! Un personnage ayant une rancœur énorme pour notre héros, ce qui explique les coups à Gordon dans le précédent volume, et à Alfred dans celui-ci !! Mais je donne ma main à couper que l’on trouvera un autre manipulateur derrière lui dans le prochain tome. Comment garder une bonne dose de suspense sans cela, même si le procédé reste peu original, répétitif et donc très lassant. Ce n’est qu’une histoire de surenchère…
A côté de cela, le nouveau commissaire de Gotham, Jason Bard devient de plus en plus médiatique, apprécié et performant. Stephanie Brownse livre une guerre sans limite contre son père, bien décidé à abattre sa propre fille, Barbara Gordon fait chou blanc, Harper s’impose toujours un peu plus (qu’est ce que j’aime ce personnage), Catwomandiscute avec son père (!!!) et reçoit une étrange proposition, et la fille d’Alfred fait une surprenante découverte alors que la Bat-family semble enfin renouer suite aux événements dans Death of The Family (Ah bon ? Il y avait vraiment eu de réelles dissensions ?) Bon c’est facile, mais il est bien de voir un petit rappel à tout ceci, cela donne une pointe d’émotion lorsqu’ils se retrouvent tous.Niveau graphique, nous voyons également une petite déception poindre le bout de son nez ! Dustin N’Guyen, Jason Fabok, R.M. Guéra, Andy Clarke (pour ne citer qu’eux) ne vont pas du tout ensemble… Entre Jason Fabok que je ne peux plus voir, un Dustin N’Guyen semble-t-il très, très fatigué, ou encore R.M. Guéra que j’adore mais qui n’a pas sa place sur du Batman, c’est une qualité graphique assez inégale et chaotique. Une grosse déception donc, hormis peut-être Andy Clarke.
L’intérêt, pour ne pas dire la qualité s’étiole petit à petit. Cela était prévisible, mais j’espérais que cela arriverait un peu plus tard et non dès le second tome. Si ce deuxième tome se laisse, malgré tout, lire on sent déjà que les scénaristes tirent un peu sur la corde et reposent leurs histoires sur les gros rebondissements et la surenchère de vilains. Quand on pense tenir le cerveau, on se rend compte qu’il n’est qu’un pion et l’on passe au suivant.J’ai bien peur que tout cela n’aille que crescendo avec les deux derniers tomes, et la série risque donc de devenir vite indigeste, il faut donc profiter du premier et éventuellement de celui-ci.