Le Chat du Rabbin (T6) Tu n’auras pas d’autre dieu que moi

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Le chat du Rabbin, tome 6 »

Scénario et dessin de Joann Sfar,

Public conseillé : Adultes / adolescents

Style : Conte???
Paru chez Dargaud, le 28 aout 2015, 56 pages couleurs, 12.99 euros,
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Le tome six du chat du rabbin est arrivé
Matin, quelle BD !

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, l’histoire se passe en Algérie à l’époque où ce pays était un département français, au sein d’une famille juive dont le patriarche est un rabbin.
La série se situe dans cette région, au soleil, dans un contexte pacifique. Le but de Johan Sfar au travers de cette BD n’est pas de nous conter l’Algérie mais plutôt, en nous plaçant dans un environnement géographique et temporel chaleureux et tendre, de nous faire réfléchir sur différents thèmes philosophiques plus ou moins universels : la religion, l’amour et ses différentes formes, les femmes, la jalousie, la tolérance….
Pas besoin de connaitre la communauté séfarade pour aimer la série, il s’agit là essentiellement d’un vecteur pour le reste des thèmes ; comme pour les bons polars comme ceux de Tony Hillerman chez les Navajos par exemple.
Par contre, ceux qui connaissent un peu cette communauté juive du sud profiteront d’une atmosphère et d’allusions qui les feront sourire.

Le scénario

La fille du rabbin est enceinte ; la vie de son chat en est bouleversée – Plus encore que celle du père ou du Mari. Pauvre chat !
La vie de ce chat est décidément compliquée. Il parle, mais il n’a pas le droit d’utiliser ce don. Surtout, il aime sa maîtresse, la fille du rabbin. Il va vivre la souffrance de la jalousie, le désespoir amoureux, toutes les formes de supplice que subit celui qui ne peut déclarer son amour.
Ce chat me fait penser à un personnage de Woody Allen, à la fois fragile et ridicule mais tellement ressemblant à ce que nous sommes, nous les garçons. Ce sixième tome du « chat du rabbin » traite peut-être du même sujet que bon nombre des films de Woody Allen : la difficulté d’être face aux femmes, particulièrement en ce moment magique qu’est l’arrivée d’un enfant.
Il s’agit là de l’album le plus sensible de la série. Le plus riche en thèmes aussi : ça grouille. Presque trop! Cela nous oblige à nous arrêter, à réfléchir. Ce serait le seul reproche que je formulerai, car tous ces thèmes sont peu approfondis et nombre d’entre eux aurait mérité un tome spécifique. Si vous avez déjà entendu une interview de Johan Sfar, c’est pareil : Un torrent de remarques, de réflexions multiples. Peu d’animateurs arrivent à le canaliser.

Le dessin

Le dessin de Sfar n’a pas changé, ou si peu depuis le premier tome. Son dessin qui semble approximatif est très loin de l’être. Comme Brassens, dont certains ont osé dire que les mélodies étaient toutes semblables, le dessin de Sfar, sur une première lecture, semble simpliste. Mais, regardez bien, vous verrez des transparences dans les robes, des compositions élégantes, des accents de Matisse. Et puis il dessine toujours aussi bien les filles. Ce ne sont pas des Pin-up comme chez Berthet, mais des filles sensuelles qui aiment la vie qu’elles mangent avec délicatesse : la preuve dans l’album.
Voilà un album que je vais offrir à beaucoup de mes proches. Merci Monsieur Sfar pour ce moment de bonheur et d’optimisme !