Au commencement était le Verbe, et le Verbe s’est fait chair? ; il est devenu Auteur, et c’est là que les ennuis ont commencé.
L’Auteur écrit pour passer à la postérité. Il souhaite que son œuvre soit remarquée, ovationnée et qu’elle s’inscrive dans l’histoire de la littérature – de son vivant, cela va de soi. Mais qu’est-ce qui le distingue des autres êtres humains? ?
À partir des multiples situations qui forment le lot quotidien de cette existence particulière, succession d’instantanés pris depuis une maison d’édition, Hommage de l’Auteur absent de Paris dévoile, avec un humour ravageur, les coulisses de ce milieu professionnel aux codes très précis. Et si de l’extérieur, l’Auteur occupe une position enviée par beaucoup, l’envers du décor est, lui, nettement moins reluisant. On pourrait le résumer ainsi? : l’Auteur se pense le roi de la fête, il est souvent le dindon de la farce.
En plus, les blogueurs refusent les invitations à déjeuner ou les pots-de-vin de toutes sortes, au nom d’une prétendue indépendance déontologique. Si on ne peut même plus corrompre la critique, où va l’édition, je vous le demande ?
Avis
Un essai sur le personnage de l’Auteur écrit par une attachée de presse assez comique, voilà le résumé en une phrase. Je dis essai parce que ce n’est pas vraiment un roman, il n’y a pas vraiment de personnage à proprement parlé si ce n’est l’Auteur dénommé tel quel et dont Emmanuelle Allibert définit le quotidien et les petits défauts ; dans ces pages le sarcasme est roi.
On se moque de l’Auteur à travers des instantanés de vie partant du moment où il a écrit son roman et cherche un éditeur jusqu’à sa reconnaissance par un prix littéraire, la gloire, les fans (décrites d’une telle manière que j’en ai rigolé pendant un long moment), la télé et le cinéma tout y passe mais les éditeurs en prennent aussi pour leur grade et les attachés de presse qui font évidemment leur travail à merveille … quand ils en ont envie. L’Auteur est, d’après lui, un ponte de l’écriture, une star dont le talent est connu et reconnu, son attachée de presse est, toujours d’après lui, secrètement amoureuse de sa personne flamboyante et son éditeur son meilleur ami, il a des qualités phénoménales mais pas d’argent, alors il se fait invité à déjeuner ou à dîner, s’incruste là où il peut et cherche un endroit où passer ses vacances gratuitement et y être rémunéré.
Une lecture originale et ironique, des scènes délicieusement pathétiques sur un Auteur attendrissant aux caprices multiples et à l’égo démesuré. C’est drôle et irrésistible.
Le monde de l’édition dans toute sa splendeur et sa prestance, son hypocrisie et sa rudesse ; et au final cet Auteur on l’aime quand même beaucoup.
Et en cette période de prix littéraire une petite phrase qui m’a bien fait rire :
La morale de cette histoire, c’est que rien ne sert de courir après les prix, tous les auteurs en ont un. Il suffit de retourner leur livre, de regarder la quatrième de couverture, en bas à droite, au-dessus du code-barres : c’est écrit en euros, maintenant.