La fureur du Prince

Par Denis Arnoud @denisarnoud

La fureur du Prince de Thierry Berlanda aux Editions La Bourdonnaye




   Jeanne Lumet ne vit plus depuis sa rencontre avec Le Prince, ce serial killer qui a bien failli mettre un terme à sa vie et à celle de son fils (voir L'insigne du boiteux). Elle vit claquemurée chez elle, n'assure plus ses cours, confie le plus souvent son fils à son ex-compagnon. Elle ne parvient pas à refaire à surface. 
    Le Prince remis des blessures subies lors de son arrestation doit être transféré à la centrale de Clairvaux, véritable forteresse dont il est impossible de s'échapper, des travaux ont d'ailleurs été effectués pour accueillir ce personnage bien encombrant.
    Jeanne pense que le fait de voir Le Prince dans sa cellule pourrait la soigner  de sa peur permanente de le voir ressurgir. Accompagnée de François Savant, elle va rendre visite au commandant Falier avec qui elle avait réussi à mettre fin aux massacres perpétrés par le serial killer. Falier est maintenant à la retraite et ne peut rien faire pour aider son amie dans sa          démarche.
   Le matin même du transfert du Prince à Clairvaux, une commission d'experts déclare que le Prince n'est pas responsable de ses actes et ordonne son transfert dans un centre de soins de haute sécurité dirigé par le docteur Turner. Ce changement suscite le débat entre les partisans d'une solution radicale, ceux qui pensent que ce type d'individus est irrécupérable et ceux qui comme le docteur Turner pensent qu'ils peuvent être soignés et réinsérés.
   "-Je reste quand même sur mes positions aussi, parce que les partisans de la psychiatrie carcérale traditionnelle sont forcément dans l'erreur. Et ils sont dans l'erreur, parce que la civilisation et la démocratie vont partout de pair avec une amélioration de la condition des malades, y compris s'ils sont auteurs d'homicides, et même de meurtres monstrueux. Et je suis convaincue que cette amélioration de leur condition est dans l'intérêt même de la société tout entière. Ou alors, si la doctrine des modernes est erronée, il faut admettre que la civilisation et la démocratie le sont aussi, et par essence.       Parce que la psychiatrie de boucher, ou même d'électriciens, c'est dans les dictatures qu'on la pratique encore ! Vous savez, quand un pays commence à renvoyer ses fous en prison ou au poteau ou au bûcher, c'est toujours un signe de régression morale, puis de perversion politique, et enfin de délitement social, qui finit par abîmer l'ensemble des ses habitants."
    Peu de temps après son transfert Le Prince parvient à s'évader dans un bain de sang. Qui a bien pu aider un tel psychopathe à s'évader car il n'a pas pu le faire sans complicité ? Jeanne parvient à vaincre sa peur pour se lancer avec l'aide de Falier aux trousses du criminel. Elle retrouve avec déplaisir son ancien mentor, le professeur Bareuil. Elle est toujours persuadée que ce dernier l'avait faite intégrer à l'enquête pour se venger d'elle car elle était la cause de son handicap. Bareuil est le dernier à avoir eu contact avec Le Prince avant son évasion.
   Ce deuxième volet de la trilogie du Prince est tout aussi passionnant que le premier. Le style fluide et rythmé nous fait tourner les pages sans que l'on s'en rende compte. Le caractère des personnages est encore plus approfondi que dans le premier opus, ils sont tous attachants, chacun dans leur style. Jeanne en femme névrosée, apeurée qui transcende ses peurs quand elle est au pied du mur. Falier en flic à la retraite, en bout de course qui ne parvient pas à se détacher de cette affaire dans laquelle il a envoyé des hommes au casse-pipe.  Le Prince psychopathe que l'on ne peut détester totalement car il est aussi une victime. Et enfin le Professeur Bareuil personnage odieux que l'on adore détester. Ce thriller est une très belle réussite et j'attends avec impatience le dernier volet de cette trilogie passionnante. 
    Les lectures du hibou recevront Thierry Berlanda le 14 novembre à Neuvile sur Saône au Biscuit. Il viendra nous présenter les deux premiers romans de cette trilogie.  Amis Lyonnais ou de passage venez nombreux.