Le Chardonneret - Donna Tartt

Par Alex Davies @Xenaddict

Quatrième de couverture :Theo Decker a treize ans. Il vit les derniers instants de sa vie d’enfant. Survivant miraculeux d’une explosion gigantesque en plein New York, il se retrouve seul dans la ville, orphelin, et se réfugie chez les parents d’un ami pour échapper aux services sociaux. Mais cette situation ne pourra être que temporaire. Désormais Theo va comprendre très jeune, qu’il ne peut compter que sur lui-même. Tout ce qui lui reste de cette journée où il a perdu sa mère, c’est un tableau, une toile de maître minuscule, envoûtante, infiniment précieuse et qu’il n’a pas le droit de posséder. Mais il ne peut plus s’en détacher. Et elle va l’entraîner dans les mondes souterrains et mystérieux de l’art.
Mon avis :
Chef d'œuvre littéraire et artistique. Coups de pinceaux et de mots mêlés. Coup de cœur et cœur en miettes après cette lecture époustouflante.
Le Chardonneret c'est typiquement le genre de bouquin sur lequel je ne m'arrête pas, pourtant une femme remarquable me l'a offert pour Noël dernier et je dois dire qu'elle mériterait que je sacrifie trois moutons sur un autel en son honneur. Ce livre est une ode à l'art, un véritable hommage à l'esthétique, l'éternité dans la beauté et la subjectivité des émotions humaines.
Pour être claire. Ce livre, à première vue, offre au lecteur une réflexion sur la notion simplissime du Bien et du Mal dans sa forme la plus primaire car, Theo Decker est un adolescent quand on commence le livre. Mais toute cette histoire va au-delà de ça. Au-delà des tergiversations d'un enfant pré-pubère qui est confronté à l'injustice qu'est la vie ou ses conséquences.
Avec Le Chardonneret on est confrontés aux émotions basiques de l'être humain : l'amour, l'amitié, la loyauté, la fidélité...etc. Tant de notions idéalistes et utopiques qu'on nous rabâche sans cesse à notre plus jeune âge. Sauf que Theo c'est nous. Nous, jeune orphelin, perdu dans les méandres des institutions sociales, prêt à fuir devant chaque policier, chaque représentant de la loi, mais attaché comme jamais à notre ville parce qu'elle est notre berceau. Notre foyer. La seule chose qu'on connait et qui nous rapproche du souvenir de notre bonheur.
Ce livre n'est pas un thriller basique. Loin de là. Il offre une perspective nouvelle.
La notion du Bien et du Mal au travers de la loyauté indéfectible qu'on éprouve pour les gens qu'on aime. Alors oui. Je vous vois hurler derrière votre écran : rien d'neuf à l'horizon, c'est du revu et du réchauffé.
Mais non.
Notre société et sa moralité est dictée (qu'on le veuille ou non) par les préceptes religieux. Par cette notion fantasmée de l'Enfer et du Paradis, de Satan et de Dieu. Mais Le Chardonneret nous offre un nouveau point de vue : celui du choix dicté par l'amour de l'Art. Par l'amour du passé, de la filiation, du souvenir et de l'héritage émotionnel. Dans ce bouquin on se moque du Bien et du Mal. Tout ce qui nous intéresse c'est l'amour d'un fils pour sa mère, pour son éducation et pour la transmission de sa passion.
Il n'en fallait pas plus pour me convaincre.
Les 1102 pages n'ont pas réussi à me faire peur. N'ont pas réussi à me lasser.
Parce que derrière ces 1102 pages, il y a des mots emprunts de poésie, de beauté, et d'idéalisme esthétique. Et quand on aime l'art, et quand on aime les thrillers, on ne peut que succomber.
Theo Decker c'était moi à l'adolescence. Devant un tableau vu dans un livre scolaire. Moi devant La Réminiscence Archéologique de l'Angelus de Millet par Dali. Moi prête à verser des larmes devant une peinture qui n'avait aucun impact émotionnel sur la plupart des gens de ma classe pour une seule et unique raison...
Pour moi, c'était ça la parfaite définition de l'éternité de l'Art.
Dans l'hommage. Dans la transmission. Dans l'héritage.
Parce qu'après tout. L'Art n'est pas différent de l'Amour.
Et on est prêts à tout quand il s'agit de ça. PS : Ouais ma chronique ne sert à rien mais chaque détail risque de vous spoiler x100. Donc. Lisez-le :D !
Ma note : 20/20 ++