Séquestrée - Chevy Stevens

Par Alex Davies @Xenaddict

Quatrième de couverture :
Annie a été séquestrée. Elle a passé douze mois en enfer dans une cabane perdue au fond de la forêt. Annie est libre, enfin, mais les séances chez le psychologue lui font revivre chaque minute. Annie est sauve, le plus dur est derrière elle. Du moins le croit-elle...
Mon avis : Avant toute chose : merci Oukouloumougnou pour ce cadeau parfaitement parfait.
Livre coup de cœur et coup de poing tout à la fois. Une lecture qu'on passe à cheval au bord du gouffre. Une narration qui dérange parce qu'intime, presque animale, puisqu'Annie raconte son histoire au travers de ses séances chez sa psy. Cette psy qui se substitue très vite au lecteur parce qu'elle n'intervient jamais, elle est à peine décrite, résultat : la psy c'est nous et on s'en prend plein la gueule. Dans Séquestrée pas de sang ou de boyaux à l'air libre. Pas besoin. Annie a une façon de décrire son calvaire qui prend aux tripes suffisamment comme ça. La plume de Chevy Stevens est acerbe, brutale et quand Annie ouvre la bouche, on sait qu'on ne va pas en sortir indemne parce que son calvaire nous touche. Un an aux mains d'un connard de sadique qu'elle appelle Le Monstre. Un an à subir les pires sévices et les plus infâmes tortures psychologiques. Alors en fin de compte, quand on voit ce qu'elle est devenue, on ne peut que comprendre.
Annie qui était madame tout le monde avant son kidnapping et qui devient l'archétype de la bête traquée douze mois plus tard. Elle n'est pas devenue l'ombre d'elle-même. Non. Elle a purement et simplement disparue. Et la nouvelle Annie, celle qu'on lit, n'est pas la victime type de base. Elle est furax, elle en veut au monde entier et sincèrement, il y a de quoi. Et c'est ce que j'ai aimé. Pas de sanglots hystériques et d'atermoiements constants. Annie s'exprime durement, vulgairement même à certains moments, et on réalise assez rapidement que cette façon de parler c'est un peu son bouclier contre le monde extérieur.
Je pourrais parler des heures durant de ce personnage principal complexe tant il est superbement travaillé, superbement mis en valeur. Séquestrée est un des rares thrillers que j'ai lu qui met en scène des personnages crédibles parce que réalistes. Chevy Stevens a parfaitement réussi à retranscrire la nature humaine dans sa complexité la plus repoussante. Chaque personnage à sa part d'ombre, de défauts, sa part de malveillance aussi. Aucun d'eux n'est épargné par l'auteure ce qui nous rapproche encore plus d'Annie. On s'attache à elle sans jamais la prendre en pitié parce qu'on sait qu'elle déteste ça. Chevy Stevens est parvenue à nous immerger dans son histoire en tant que spectateur extérieur, tout en nous obligeant à perdre toute objectivité dès les premières pages. Et tout au long de la lecture, elle nous noie dans cette relation psychiatre/patient de laquelle on arrive pas à se dépêtrer. Dans Séquestrée, peu importe que vous ayez l'habitude des thrillers ou non. Peu importe que vous deviniez les fins la majeure partie du temps. La fin de ce bouquin vous colle une claque dans la gueule parce que c'est comme ça que ça arrive pour Annie. Honnêtement, je mentirais si je disais que je m'attendais à ces révélations. Parce que, clairement, je m'attendais à tout sauf à ça.
En gros, Séquestrée m'a happée. Il fallait que je le finisse le plus vite possible à l'image d'Annie qui se force à parler de son calvaire pour pouvoir tourner la page. Et pourtant, Dieu seul sait que chaque séance est perturbante. Parce que quand on croit que ça ne pourrait pas être pire, on replonge encore plus profondément dans l'horreur. Encore une fois, je ne parle pas nécessairement de l'horreur de son calvaire puisque les descriptions restent softs. Plutôt de l'horreur de la nature humaine et des comportements destructeurs de celle-ci. Les gens peuvent bien dire ce qu'ils veulent, n'empêche qu'en refermant ce bouquin, je détestais le monde entier au moins tout autant qu'Annie.
Séquestrée est donc un thriller parfait. Tant au niveau de l'intrigue qui est extrêmement bien ficelée, qu'au niveau de l'histoire qui, sans être originale, est abordée de manière originale. Et aussi parce que ça fait du bien de lire un auteur qui a du talent et qui n'a pas besoin d'en faire des caisses pour satisfaire son lecteur.
En quelques mots : jetez-vous dessus !

Ma note : 
18/20