La boite à merveilles

Par Lespolarsdemika
La boîte à merveilles est un roman de l'auteur marocain Ahmed Sefrioui paru en 1954.
Présentation de l'éditeur :La nuit, la maison retomba dans le silence. Je me sentis triste. Je sortis ma Boite, la vidai sur un coin de matelas, regardai un à un mes objets. Ce soir ,ils ne me parlaient pas. Ils gisaient inertes, maussades,un peu hostiles. Ils avaient perdu leur pouvoir magique et devenaient méfiants, secrets. Je les remis dans leur boite. Une fois le couvercle rabattu, ils se réveillèrent dans le noir pour se livrer à mon insu à des jeux fastueux et délicats. Ils ne savaient pas dans leur ignorance que les parois de ma Boite à Merveilles ne pouvaient résister à ma contemplation. Mon innocent cabochon de verre grandit, se dilata, atteignit les proportions d’un palais de rêve, s’orna de lumière et d’étoffes précieuses. Les clous, les boutons de porcelaine, les épingles et les perles changés en princesses, en esclaves, en jouvenceaux, pénétrèrent dans ce palais, jouèrent de douces mélodies, se nourrirent de mets raffinés, organisèrent des séances d’escarpolette, volèrent dans les arbres pour en croquer les fruits,disparurent dans le ciel sur l’aile du vent en quête d’aventures...
La boîte à merveilles est une oeuvre marocaine majeure car en plus d'être un récit autobiographique, cet ouvrage est l'un des premiers (d'ailleurs considéré longtemps comme le premier) roman marocain écrit en français. Il aborde bien évidemment la vie de l'auteur lorsque celui-ci était un enfant âgé de six ans à peine.
Le roman autobiographique compte deux narrateurs ; le romancier qui se souvient de son passé et le jeune Mohammed qui poursuit l'histoire avec ses yeux innocents d'enfant. Sidi Mohammed vît avec ses parents et d'autres locataires dans une maison de Fès. Il est un petit garçon bien solitaire et fragile et on l'aperçoit, avec tristesse, louper toute tentative de communication avec d'autres enfants.Il nous raconte son éducation au Msid, l'école coranique, qu'il n'apprécie guère. Surtout suivant les humeurs et les coups de baguette du fqih.
Le jeune Mohammed va subir trois chocs importants à ses yeux durant l'année de ses six ans. D'abord, il fait connaissance avec la notion de mort suite au décès de l'un de ses voisins. Il découvre comment réagissent les gens à l'annonce du décès. Sa réaction va surprendre et contrarier sa mère puisqu'il désire lui aussi pleurer ce mort sans trop savoir pourquoi.
Le second choc est la dispute entre sa mère et Rahma, la voisine. Il faut dire que sa mère est agaçante et n'a pas sa langue dans sa poche. Cette dispute engendra l'évanouissement de l'enfant. Une dispute qui a donc marqué ses esprits.
Le troisième choc est le départ du père. Ce dernier fait faillite et doit partir pour travailler. Il passe de gérant d'une petite entreprise à ouvrier mais il n'hésite pas une seconde à franchir le pas pour sauver sa famille de la pauvreté. Mohammed découvre là les difficultés de la vie et voit comment tout peut basculer. C'est une épreuve qui lui permettra de grandir plus vite.
La boîte à merveilles se lit avec grand plaisir, on y découvre les us et coutumes des marocains au siècle dernier. On entrevoit le quotidien des marocains, les fêtes et autres événements musulmans. L'approche de l'Achoura est à plusieurs fois mentionnée et cela en devient autant stressant pour le lecteur que pour l'enfant !
L'époque de la boîte à merveilles c'est l'époque où les maisons sont éclairées aux bougies. Alors lorsque l'une des voisines acquiert une lampe au pétrole, Lalla Zoubida, la mère de Sidi Mohammed, exige auprès de son mari d'en avoir une. L'anecdote m'a bien fait sourire et on peut librement comparer cette jalousie à celle que l'on voit tous les jours à toutes les époques entre voisins.
La boite à merveilles de l'auteur compte en son sein de nombreux objets importants aux yeux de l'enfant, des vieilleries aux yeux des autres. Sidi Mohammed se raccroche à eux, ses seuls véritables amis lorsqu'il est triste. La boîte à merveilles était également le nom donné par les marocains à la télévision à ses débuts. Le parallèle exprime bien que la boite du jeune Mohammed lui permet de se réfugier dans un autre monde ; un monde imaginaire loin des problèmes quotidiens.