A l'occasion des Secret Wars de Jonathan Hickman, Deadpool revisite la première saga, celle de 1984, qui confrontait les héros au premier Beyonder. Il n'était pas là ? Mais si !
La première saga Secret Wars, qu'on considère comme la base de tous les events, date de 1984, soit avant la création de Deadpool par Rob Liefeld et Fabian Nicieza en 1991. C'est Cullen Bunn, un habitué du personnage, et Matteo Lolli (qu'on avait pu voir sur Hawkeye vs Deadpool) qui sont chargés de cette réécriture de la saga de base, en tentant de raccrocher les wagons de la continuité...
Pour ceux qui n'auraient jamais lu Secret Wars par Jim Shooter, il vous faut juste savoir que c'était une saga dans laquelle les héros et les méchants de la Terre étaient enlevés par le Beyonder, une entitée cosmique qui faisait s'affronter les personnages afin de garantir un souhait au gagnant. Deadpool n'était pas "crée" à ce moment là, mais il est pourtant là au début de cette nouvelle version. Tout l'intérêt de la série sera donc de voir comment a réagi le personnage à l'époque, mais aussi pourquoi personne ne se souvient de lui.
Pour me faire aimer du Deadpool, il faut autre chose qu'un bonhomme rouge qui raconte des blagues potaches, masquées dans du méta lourdingue et de la violence. Par exemple, la série actuelle est très souvent émouvante ou sombre, et c'est ce qui fait son succès. Là, comme souvent chez Bunn, ça ne décolle pas, et ça n'a pas grand intérêt. C'est un bon auteur sur certaines séries (son Magneto était très intéressant), mais sur Deadpool, on a toujours l'impression de voir une histoire écrite par un adolescent qui aurait joué dix minutes au jeu vidéo sur le personnage.
Je pense que durant les Secret Wars actuelles, il y avait mieux à faire que réécrire une histoire déjà connue, et ils n'ont pas réussi à me donner tort. On se contente d'une succession de scènes cultes sans grand lien entre elles, dans lesquelles on a fourré Deadpool qui dit trois vannes pendant que la vraie histoire se déroule. Il ne change quasiment rien de l'histoire classique, se contente de faire ce qu'on attend de lui (à savoir être lourd et trancher), et n'amène rien d'intéressant.
La fin de la saga, qui est un retcon d'une lourdeur assez phénoménale, termine cette impression décevante sur une série qui aurait dû apporter autre chose. Deadpool ne change pas l'action, sa présence n'a absolument aucun intérêt, et à moins d'accrocher à l'humour lourd de l'auteursur le personnage, vous allez vite vous ennuyer. Vraiment, je suis resté un peu bloqué sur cette série, que j'ai eu du mal à finir, parce qu'hormis la surprise du retcon, on n'en attend rien, et elle n'amène rien. Il aurait pu être beaucoup plus intéressant de mettre un Deadpool qui se souvient du monde "pré Secret Wars" dans la saga de Hickman, mais non, on a fait un retour en arrière qui ne plaira ni aux vieux fans, ni à ceux qui espéraient trouver une histoire un peu subtile.
Qu'est-ce qui est pire qu'une mauvaise saga mal dessinée ? Une mauvaise saga bien dessinée qui gâche le talent d'un artiste. C'est la deuxième fois que je le constate en peu de temps, mais Matteo Lolli est capable de très jolie chose. Son trait est léger et très cartoon, mais jamais figé ou lourd, et sa narration est excellente. Il pourrait faire de vraies merveilles sur un titre plus ambitieux, et il va falloir suivre l'artiste, vu qu'il a réussi à me faire passer les 4 numéros moins difficilement...
Deadpool's Secret Secret Wars #1-4
Au final, pas grand chose à sauver, comme souvent chez le Deadpool de Bunn. Concentrez vous surtout sur la série très réussie lancée pendant Marvel NOW!, et évitez globalement le reste, toujours lourd et sans intérêt...