Habibi est sombre et nous conte l’histoire désespérée de deux anonymes jeté dans un monde sordide, inhumain et pourri jusqu’à la moelle. La religion, tout comme dans Blankets, est omniprésente. Curieusement, dans Habibi, elle joue un rôle d’intermède apaisant en apparaissant ponctuellement dans l’histoire de Dodola et Zam, franchement terrible, où les aspects les plus abjects de l’âme humaine se mélangent à l’horreur. Certes, il y a de l’amour et de la tendresse, mais sous la crasse, elles ont beaucoup de mal à survivre.
Je salue le travail colossal de l'auteur, impressionnant au niveau artistique (la bande dessinée fait plus de 650 pages), mais aussi au niveau de la recherche. Je me demande combien de temps il lui a fallu pour créer cette oeuvre. Il serait intéressant de réaliser un travail d'analyse sur Habibi, qui regorge de symboles, qui peut être lu selon tout un tas de sens différent, qui traite de l'Orient mais dont l'auteur est occidental... et encore bien d'autres choses.
THOMPSON C., Habibi, Casterman, 2011