Le vide de nos cœurs – Jasmine Warga

Le vide de nos coeurs - Jasmine WargaDans le cadre de l’opération Explo’book organisée par Lecteurs.com, j’ai eu la chance de lire Le vide de nos cœurs, un roman de Jasmine Warga, paru aux éditions Hugo roman, collection New Way en mai 2015. Vous avez peut-être cerné, au fil de mes publications, que même si j’apprécie beaucoup la littérature pour ados, j’ai quelque peine avec le genre « romance ». J’ai choisi ce livre car je l’avais vu passer plusieurs fois sur la blogosphère et les réseaux sociaux, avec des commentaires élogieux à son sujet (l’émotion semblait au rendez-vous à la lecture, pour certains). Curieuse de me faire mon propre avis, c’est néanmoins avec une certaine appréhension que j’ai débuté la lecture de ce roman. En effet, en parcourant la quatrième de couverture du livre, j’ai justement relevé le mot « romance », dans le paragraphe de présentation de l’auteure… Hum, bon, j’ai quand même mis de côté les préjugés que je pouvais avoir sur ce type de livres (ce n’est pas ma tasse de thé), et je me suis laissée portée par ce qu’annonçait le résumé de cette histoire…

A 16 ans, Aysel n’a plus goût à la vie. Depuis que son père a commis l’irréparable, depuis qu’il a tué Timothy Jackson, l’une des figures emblématiques de la ville, promis à un grand avenir sportif, sa vie a volé en éclats. Une seule idée l’anime désormais : mettre fin à ses jours. Un jour, en naviguant sur Internet, elle se connecte à un site d’un genre très particulier, Smooth Passages, pour y trouver un « partenaire de suicide ». A deux, on est plus forts, pense t-elle. C’est alors qu’elle fait la connaissance de FrozenRobot, alias Roman, qui habite à quelques pas de chez elle et qui a le même funeste projet. La prise de contact est rapide, les deux jeunes gens se rencontrent rapidement et finalisent les détails de ce sordide plan au gré des jours… Mais c’était sans compter sur le lien qui se développe inconsciemment entre Aysel et Roman. Nous ne sommes pas toujours maîtres de nos destins, ni de nos sentiments, c’est bien connu. Même avec toute la force de leur volonté d’en finir, Aysel et Roman mèneront-ils leur projet jusqu’à son terme fatal ?

D’emblée, le ton du roman est donné, rien que par le sujet que l’auteure a choisi d’aborder : la question du suicide chez les adolescents. Personnellement, je trouve l’exercice peu aisé : difficile de traiter ce lourd sujet sans tomber dans le cliché ou dans le pathos. Mais dans le cas de ce roman, j’y ai perçu une certaine justesse. Jasmine Warga n’en fait pas trop, genre « fin du monde » sans trop savoir pourquoi avec les deux adolescents. Non. Chaque personnage exprime ses failles, son histoire, les motivations qui les pousse à vouloir en finir. Ces éléments donnent de la crédibilité et une certaine profondeur à l’histoire. Et par la même occasion, comme pour donner un sens réel à ce qui n’est pourtant que fiction, l’auteure, dans les quelques pages qui suivent l’histoire, invite les jeunes lecteurs qui se reconnaitront peut-être à travers les protagonistes de l’histoire à exprimer leur mal-être auprès de leurs proches, à ne pas rester enfermés dans cette spirale de détresse, à l’image d’Aysel et de Roman.

Par ailleurs, la notion de romance évoquée en quatrième de couverture vous donnera probablement une petite indication sur la tournure que prendra l’histoire entre Aysel et Roman, mais le lien qui les unit est, à mon avis, bien plus complexe que cela. Et comme je l’évoquais un peu plus haut dans cet avis, j’ai également perçu une justesse de ton dans le style d’écriture de l’histoire. Ce roman est touchant, poignant à certains instants, mais rien de « gnan-gnan » là-dedans. Juste un savant équilibre d’échanges, de sentiments et de questionnements qui vous donneront l’envie d’aller plus loin, tout attaché que vous serez à Aysel et Roman. Et c’est en cela que l’histoire m’a finalement happée. Je n’en dirai pas plus, vous laissant le loisir de découvrir le contenu de livre sans trop en dévoiler la teneur.

Merci à Lecteurs.com pour m’avoir donné l’occasion de lire ce roman grâce à l’opération Explo’Book, et mille excuses pour le retard de publication de cette chronique.

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