Dans quelques jours, le 25 septembre pour être précis, sera mis en vente le nouvel album de la chanteuse américaine Jewel. Ma chanteuse préférée depuis près de vingt ans, elle revient avec un disque intitulé Picking Up The Pieces, qui se veut une sorte de « compagnon » à son premier opus, Pieces of You. L’album fait suite au divorce de la chanteuse d’avec celui qui fut son conjoint pendant seize ans ; l’œuvre est donc marquée par une très grande tristesse. Mais c’est également très beau.
Jamais je n’ai entendu chanter Jewel avec autant de fragilité et de sincérité. Sur Loved Used To Be, la première pièce de l’album, elle laisse tomber les barrières et se dévoile comme jamais auparavant. On retrouve également un magnifique duo avec Dolly Parton, My Father’s Daughter, un bel hommage à sa famille et ses racines.
On retrouve sur l’album quelques compositions récentes et plusieurs chansons écrites par Jewel dans les années 90, mais jamais gravées sur disque avant cette année. Et ces « vieilles » chansons se marient parfaitement aux plus récentes. C’est comme si elle avait anticipé, il y a vingt ans, ce divorce qui la fait chanter aujourd’hui avec autant d’émotion dans la voix.
L’album est une sorte de retour à ses racines musicales, c’est plus folk, plus simple que ses récents albums, et il s’agit également de son meilleur, à mon avis.
À noter que Jewel lance également son autobiographie, Never Broken, que je suis très intéressé de lire. J’en reparlerai certainement ici.
Turbo Kid
Je n’ai pas vraiment accroché à la proposition du collectif québécois Roadkill Superstar et de son premier long-métrage Turbo Kid (disponible présentement sur iTunes).
Je suis amateur d’horreur et de science-fiction, genres dans lesquels le collectif se spécialise depuis des années (le trio a réalisé de nombreux courts-métrages devenus cultes chez les amateurs du genre). Et pourtant, ce film n’est pas fait pour moi.
Turbo Kid, c’est l’histoire d’un jeune homme (Munro Chambers) qui, dans un futur postapocalyptique, fait la rencontre d’Apple (Laurence Lebœuf), une jeune femme pétillante et quelque peu étrange. Celle-ci sera enlevée par le méchant Zeus (Michael Ironside), et le jeune homme, inspiré par un héros de bande dessinée, deviendra alors le Turbo Kid, et tentera de sauver sa belle. En résumé, c’est le scénario simpliste d’un jeu vidéo.
Ça s’adresse principalement aux gens qui sont mordus des vieux jeux vidéo (Megaman, surtout), ainsi qu’aux nostalgiques des années 80. En effet, le long-métrage est truffé de références à cette période et à ses jouets, gadgets et autres éléments de la culture populaire qui auraient intérêt, selon moi, à demeurer dans le passé.
J’ai grandi à cette époque, je suis un enfant des années 80, mais j’ose croire que ma perception de cette décennie, tant célébrée de nos jours, est davantage réaliste que celle des amateurs de ce film. Je me souviens d’une décennie qui n’était pas plus marquante qu’une autre, et qui a vu son lot de bonnes et de mauvaises choses.
Mais les « jeunes » trentenaires, enfants de Passe-Partout et des divorces, devenus aujourd’hui des adultes aux lunettes roses, ont tendance, je crois, à ne retenir que certains éléments totalement kitsch de cette période. Le film souffre de cette situation. Sa trame sonore est composée de musique interprétée aux synthétiseurs qui lui donnent un air rétro, tout à fait dans le ton du film et en phase avec ce qui se fait dans le cinéma nostalgique actuel (The Guest, Drive, It Follows, etc.), mais je ne suis plus capable de subir ce genre de nostalgie sirupeuse.
Le film ne tient qu’à cela ; il n’est qu’un pastiche juvénile d’une époque. Laissez-moi reformuler ceci : ce n’est pas un pastiche de l’époque, mais d’une vision de cette époque, une vision très enfantine.
Les scènes d’action pourront plaire aux amateurs de gore (ça gicle de partout), et la performance de Laurence Lebœuf vaut le détour. Mais l’ensemble ne décolle jamais vraiment. Le rythme est étrange, et le film possède de nombreuses longueurs (je l’ai vu en plein jour et j’ai bien failli m’endormir). Le fait d’avoir rempli le film de références et de scènes vides de sens, et de s’inscrire, par son style, dans une mode nostalgique passagère, déprécie l’œuvre, qui aurait pu être vraiment meilleure et mieux écrite.
Turbo Kid vise surtout un public de grands enfants, nostalgiques d’une certaine idée des années 80, qui ne veulent pas se casser la tête avec un scénario compliqué, car le film n’offre que bien peu de choses dans ce domaine. J’aurais souhaité l’aimer davantage. J’aimais les courts-métrages de RKSS. Ce film fait beaucoup trop de bruit pour rien.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.