Dans le Paris assiégé de 1870, le court temps de la Commune approche. Durant ces trois mois, de mars à mai 1871, des hommes et des femmes vivent la fièvre de l’insurrection qui s’achèvera dans le sang. Les amis sont dispersés, arrêtés ou recherchés. Dana, en fuite, est condamné à mort par contumace, accusé d’avoir participé au massacre des otages de la rue Haxo. Qui était-il ? Son souvenir hante Marceau jusqu’à l’obsession. Trente ans plus tard, il croit le reconnaître parmi les figurants du premier western de l’histoire du cinématographe, et n’aura de cesse de retrouver sa trace.
Je ne sais pas si vous connaissez la chanson où il est question de « marabout- bout de ficelle-selle de cheval » etc. mais Patrick Pécherot, lui, doit en faire son air favori sous la douche, car c’est l’un des points forts de ce roman, une construction décoiffante où tout s’enchaîne avec une logique vertigineuse. Partant du Far-West des pionniers nous rejoindrons le Paris communard qui finira par voir débouler le Buffalo Bill’s Wild West, le fameux spectacle destiné à recréer l’atmosphère de l’Ouest américain dans toute son authenticité, dans les murs de la capitale en 1899. Quant aux acteurs à l’affiche de cet incroyable scénario, ce ne sont ni plus ni moins que Jules Vallès, Paul Verlaine, Gustave Courbet, Charles Baudelaire, Thomas Edison, Charles Pathé, Calamity Jane, Buffalo Bill et tant d’autres illustres. L’écrivain est particulièrement calé sur la période, tout sonne juste dans les moindres détails et l’on serait prêt à jurer que tout est vrai dans ce roman, tant le faux (si peu, mais l’intrigue du bouquin) se mêle habilement au vrai (j’ai vérifié sous Google).
Si le style d’écriture évolue, le début du livre (la première moitié ?) ma scotché tant ce style extrêmement personnel, est superbe et déroutant. Si la construction du scénario est complexe, les phrases ne le sont pas moins en ce début d’ouvrage et j’avoue avoir été partagé entre admiration (devant l’écriture sublime et pleine d’ellipses) et répulsion (j’avais du mal à comprendre de quoi il en retournait, suivant la narration déstructurée à l’aveuglette). Ajoutons que l’écriture à la troisième personne tient aussi le lecteur à distance. Lecteurs éventuels du roman, n’abandonnez pas trop vite si vous peinez à suivre, bientôt l’horizon va se dégager, même s’il gardera jusqu’au bout, la touche ou la patte caractéristique voulue par Pécherot. Mais pour tout ce que je viens de dire, je ne pense pas que ce livre fasse l’unanimité.
Le coup de théâtre final est franchement réussi et ajoute un plus à ce polar pas ordinaire. Un très bon roman, plein d’Histoire et d’histoires. Mais qui se mérite.