Prenons le concept de départ, et inversons-en totalement les effets. Oubliez Howard le canard qui fréquente un monde d'êtres humains comme vous et moi, place à Howard l'humain, qui évolue à New Quack, cité remplie d'animaux anthropomorphes, où ce qui est la norme est une unique exception bizarre. Howard est détective, picole dans les bars miteux tout en se désespérant de ne pouvoir trouver des oeufs comestibles dans le commerce, et se laisse prendre au piège des événements qu'en réalité il manipule. Skottie Young ne cache pas son inspiration, et il faut aller creuser du coté des polars à la Raymond Chandler pour la genèse de ce numéro, qui emprunte aussi aux ambiances des années 80 instaurées par Frank Miller sur le titre Daredevil. D'ailleurs nous avons en cours de route l'apparition de la version animalière de Matt Murdock (Mouse Murdock) qui prolonge notre visite des bas-fonds de la ville, peuplés d'individus au faciès louche et truffés de ruelles infréquentables. Les références au monde Marvel traditionnel sont une sorte de jeu de piste amusant, que les lecteur habituels vont déchiffrer sans aucun mal. Le patron du bar dans lequel est narré le récit se nomme Connors (Le Lézard), on trouve un vautour du nom de Toomes, et également et surtout une jolie chatte noire peu scrupuleuse qu'il est inutile de vous présenter. Là où le bât peut blesser, c'est dans la partie graphique, confiée à Jim Mahfood, un dessinateur plus habitué à s'exprimer dans des oeuvres d'art personnelles et inventives (et dans les comics underground) que dans les pages des parutions Marvel. Du coup le trait est sauvage, anarchique, volontairement approximatif et sale, et la construction des planches également joue sur cet aspect improvisé, cahotique, dans un esprit presque punk et jemenfoutiste. Du coup ce Howard the Human apparaît comme une tentative ultra décalée de projeter l'univers des Secrets Wars sous une lumière arty. On savait que tout peut s'y dérouler, nous avons la confirmation que outre l'action, les événements, c'est aussi le cas pour l'aspect créatif. Ces Guerres Secrètes sont à interpréter comme un laboratoire de projets, d'expérience, la plupart n'étant pas destinés çà connaitre des lendemains qui chantent, mais assurément disposant d'un présent enviable. Howard the human est une synthèse fascinante et intelligente du polar le plus adulte avec le délire visuel le plus (faussement) régressif. Dysney qui se télescope avec l'univers noir à souhait des détectives en gabardine qui se mettent minables à coups de whiskys dans des bars oubliés. Bref, je vous invite à jeter un oeil sur cet ovni qui le mérite pleinement. A lire aussi :Howard The Duck #1 la review