Chronique « Le Chevalier à la licorne »
Scénario de Stéphane Piatzszek, dessin et couleurs de Guillermo Gonzales Escalada,
Public conseillé : Adultes / adolescents
Style : Comédie
Paru chez Soleil, Collection Quadrants, le 23 septembre 2015, 56 pages couleurs, 14.95 euros
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L’histoire
Crety, 26 aout 1346. Pour la quinzième fois, le duc d’Alençon mène un assaut contre les troupes anglaises positionnées sur le mont Crécy.
L’affrontement est sauvage et sans mercie. Dans la tourmente, le chevalier Juan de la Heredia offre son cheval au roi de France, dont le destrier est tombé sous une flèche. A pied et isolé, le voici entouré d’une armée d’Anglais qui s’acharnent sur lui.
Envahit par la rage, Juan de la Heredia se défait de son armure et se bat comme un diable. Mais il tombe sous l’épée d’un de ses assaillants.
Frappé en plein coeur, le chevalier croit voir alors une licorne le transpercer…
Après avoir revu sa vie défiler sous ses yeux, Juan se relève du champs de bataille… Encore vivant ?
Ce que j’en pense
Quel étonnant album ! “Le chevalier à Licorne” est de ses albums qui va trouver des admirateurs comme des détracteurs.
Pour moi, un ovni graphique, comme j’en ai rarement lu, qui cumule bien des qualités.
Son scénariste, Stéphane Piatzsek, est un touche à tout. Prof de droit, scénariste TV, il a signé auparavant ‘“Neverland” avec Nicolas Sure (Soleil), “Cavales” avec Stéphane Douais (toujours chez Soleil) et la série “Commandant Achab” (chez Casterman).
Cet album est donc très différent de ses précédentes productions. Il brosse un portait médiéval “haut en couleur”, qui mélange récit de guerre, fantastique poétique et réflexion philosophique… étonnant cocktail !
Je parle de “portrait”, car Juan de la Hérédia, son personnage principal, est au centre de l’histoire.
A la fois magnifique et pathétique, ce guerrier de haut vol, véritable champion des champs de bataille, voit sa vie basculer (au sens propre), quand la mort le cueille… Enfin, c’est ce qui l’attend, mais à la place de la fin attendue, le voici poursuivi, pour en pas dire possédé, par une vision. Certain d’avoir été transpercé par une licorne, cette chimère l’obsède sans fin…
De sa déchéance jusqu’à sa “renaissance”, Stéphane Piatzsek nous fait suivre la fuite de personnage taiseux, brutal… mais fragile et perdu… Un magnifique “character”, digne des grands romans épiques !
La limite de l’album (et elle est importante à mes yeux) est le manque de structure du récit, qui finit… en eaux de boudin. C’est simple, je me suis demandé s’il n’y avait pas un erreur et un tome 2 à venir ?
Quel dommage ! Excepté ce problème (de taille), le récit et les personnages sont somptueux !
Superbe, c’est aussi naturellement le qualificatif qui vient à l’esprit quant on tombe sur le dessin de Guillemo G. Escaladat. Cet illustrateur espagnol, qui a beaucoup travaillé pour les Etats-Unis signe ici son premier récit francophone avec une maestria incroyable. Je vous le dit, vous n’allez pas vous en remettre !
Son dessin allie expressivité, dynamisme (des corps et des compositions), et une mise en couleur subtile et profonde.
Grandes cases de décors panoramiques, combats au corps à corps et scènes introspectives, ça fait mal !!!!
Avec une approche très organique du dessin, Guillemo G. Escaladat m’a tout simplement bluffé !
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », hébergé sur « Un Amour de BD » cette semaine.
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