Dernier épisode pour Bucky Barnes: The Winter Soldier, qui finit son odyssée spatiale comme il l'avait commencée : furtivement, et avec une justesse touchante. Que deviendront Crossbones, les Barnes, et les Princesses ?
Il y a des séries dont on parle trop ( les Gardiens de la Galaxie, je vous regarde), et celles dont on ne parle pas assez, et qui passent inaperçues. Je ne suis pas sûr que la série Bucky Barnes aurait continué longtemps avec ou sans publicité, mais à la fin de onzième numéro, je ne suis pas aussi amer que j'aurais pensé l'être. Ales Kot ne laisse rien de côté, referme son intrigue de la plus belle des manières, et abandonne ses personnages à leurs histoires d'amour.
Bucky s'était donc lancé dans une course poursuite avec Crossbones, et la Princesse Ventolin dans un duel avec Loki. Des deux intrigues, il ne reste pas grand chose dans ce dernier épisode. À l'image de toute la série, les scènes d'action sont vite expédiées, pour laisser place aux relations entre les personnages. Ici, chaque Bucky retrouve la paix, et la conclusion est douce, sans regret.
C'est bête à dire, mais il y a vraiment une émotion forte qui se dégage du titre, aussi bien dans les situations, l'écriture, ou les dessins. Je l'ai déjà dit un milliard de fois et je le redirai autant de fois que nécessaire, mais les peintures de Marco Rudy sont des merveilles de justesse et de beauté. Pleines de douceurs et de vie(s), elles se veulent plus calmes qu'au début de la série, dans une combinaison parfaite de fatigue probable de l'artiste mais aussi de paix retrouvée dans la série. De son côté, Langdon Foss, qui a un style beaucoup plus "bande-dessiné euro" s'en sort à merveille sur ses pages, en créant un futur SF fascinant visuellement, plein de petites idées graphiques rappelant les meilleurs délires sous LSD de grands auteurs.
Les deux artistes sont donc autant responsables du succès du numéro et de la série au final qu'Ales Kot. Ce dernier a proposé quelque chose de complètement différent, loin des mini-séries aseptisées que Marvel sort régulièrement après un event. On nous avait vendu une série sur le Soldat de l'Hiver en héritier de Nick Fury, à neutraliser des menaces extra-terrestres avant qu'elles arrivent sur Terre, et on a eu au final Bucky qui tombe amoureux, perd tout, et court pour retrouver celle qu'il aime. C'est vraiment une série qui a eu du mal à trouver son public, probablement parce qu'elle n'est pas toujours en accord avec la ligne éditoriale de Marvel, ou qu'elle aurait mieux été chez Image, mais il faut vraiment lui accorder une chance.
La conclusion est belle, aussi abstraite que sentimentale, et laisse nos héros dans une situation bien différente de celle où ils étaient au début. Il est certain que le prochain auteur qui aura besoin de Daisy Johnson ou de Bucky oublieront tout ça, et c'est le jeu, mais ces onze numéros forment un ensemble cohérent, beau et différent de ce qui existe à côté. Si vous n'accrochez pas, c'est que la série ne vous touche pas, mais il y a fort à parier que vous ne regretterez pas le voyage.
Bucky Barnes: The Winter Soldier #11
Marvel Comics * Par Ales Kot, Marco Rudy & Langdon Foss * $3.99
Je ne sais pas quand on aura l'occasion de lire quelque chose d'équivalent, ou même si ça arrivera, mais rien que pour le voyage je ne regrette rien. C'était beau, simple, et plus sincère que ce à quoi je m'attendais. Merci messieurs, et à très bientôt.