Chronique : « Savage »
scénario de Pat Mills, dessin de Charlie Adlard
Public conseillé : Adultes et adolescents
Style : Uchronie
Paru aux éditions « Delcourt », le 3 juin 2015, 192 pages N&B, 17.95 euros
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L’Histoire
Et si le monde que nous connaissons avait suivi une autre voie ? Et si le bloc communiste avait basculé sous le joug d’une autre extrême ? Et si l’Europe, sous le regard complice des Etats-Unis, s’était laissée submerger par cette nouvelle vague de totalitarisme ? Et si, en 2004, un simple chauffeur routier, Cockney endurci, réveillait l’Angleterre de ce cauchemar ?
Ce que j’en pense
On a tous croisé un Bill Savage. Si ce n’est pas le cas, dépêchez vous d’en trouver un. C’est édifiant ! La preuve en est : Pat Mills s’est largement inspiré des expériences de vie d’un ex-para anglais rencontré à Plovdiv en Bulgarie.
Le résultat est convaincant : une grande brute intègre (je ne suis pas à un oxymore près), directe, attachante et attachée, surtout à son Purdey. Le genre de gars qu’on ne vient pas titiller, un dur, un vrai, un tatoué.
Ce personnage haut en couleurs a, entre autre, le mérite de soulever certaines questions d’actualité : quand la démocratie, les libertés sont menacées ou foulées au pied, le salut n’est-il pas dans le combat (parfois au prix de lourds sacrifices) plutôt que dans la soumission ou la fuite ?
Bien entendu, il s’agit avant tout d’une aventure sous forme de « comic book », mais le pamphlet politique n’est pas loin, et la lecture de Savage ne s’avère pas que récréative.
Le dessin s’avère aussi tranchant que les arguments de Bill : du noir et blanc, des jeux d’ombres et de lumières rappelant indubitablement Frank Miller, mais également son énorme travail sur Walking Dead.
Bill est un héros old school : loin d’être parfait, qui ne fait pas dans la dentelle, mais qui a le mérite de faire preuve d’une implacable efficacité. Un petit côté Batman, mais sans la cape : un Anglais n’a pas besoin d’artifices à la sauce Hollywood.