Lastman tome 7 (Bastien Vivès – Michaël Sanlaville – Balak – Editions Casterman)
La fin du premier cycle de « Lastman » a traumatisé les (nombreux) lecteurs de la série. Comme dans « Game of Thrones », Vivès, Sanlaville et Balak n’ont en effet pas hésité à tuer l’un des personnages phares de leur saga, suscitant du coup stupeur et désolation chez leurs fans. Ceux-ci sont d’ailleurs nombreux à leur avoir reproché cette fin brutale, comme le soulignent eux-mêmes les auteurs dans la postface de ce tome 7. Histoire de se faire pardonner la disparition de la « bombesque » Marianne, le trio français a mis les bouchées doubles pour démarrer un nouveau cycle sur les chapeaux de roue. Celui-ci commence 10 ans après la mort de Marianne, la disparition d’Adrian et l’arrestation de Richard Aldana. Durant cette décennie, la vallée des rois a basculé dans une période sombre. Les militaires ont pris le pouvoir et le Roi est devenu totalement paranoïaque par rapport à la possible arrivée d’étrangers dans la vallée. Une gigantesque barrière a d’ailleurs été construite à la frontière du rift, tandis que la Garde Royale, dirigée par l’intraitable Chester Morgan, veille au grain. Autant dire que c’est le branle-bas de combat lorsque Richard Aldana, emprisonné depuis 10 ans et considéré comme l’ennemi public numéro un, parvient à s’enfuir avec l’aide de Maître Jansen et de Sakova. Leur objectif est clair : ils veulent retrouver Adrian de l’autre côté du rift et le ramener dans la vallée pour prouver à tout le monde que le Roi et la Garde Royale ont menti au sujet des circonstances de la mort de Marianne. Mais parvenus de l’autre côté, Aldana et Sakova vont avoir à leurs basques Elorna, l’amie d’enfance d’Adrian, qui fait désormais partie de la Garde Royale dirigée par son père et qui est toute heureuse de trouver dans ce rebondissement une occasion de postposer son mariage. Ouf, les lecteurs peuvent être soulagés: après la disparition de Marianne, « Lastman » leur offre une nouvelle héroïne à laquelle ils vont rapidement devenir accros!
Succès à la fois public et critique (avec notamment le « prix de la série » au dernier festival d’Angoulême), « Lastman » est ce qu’on peut appeler un « manfra », c’est-à-dire un manga à la française. Ses trois auteurs utilisent les codes du manga japonais dans la mise en scène et les effets et ils fonctionnent comme un véritable studio nippon, allant parfois jusqu’à produire 20 planches par semaine, mais dans le même temps, leur scénario s’appuie aussi sur des références plus occidentales. C’est sans doute ce mélange qui explique pourquoi la série plaît tellement aux Européens, particulièrement ceux qui ont grandi en regardant des dessins animés japonais. « Lastman parle à notre génération », explique Vivès dans une interview au Figaro. « On a toujours voulu faire une bande dessinée populaire qui s’adresse à tout le monde. La sortie régulière des premiers tomes a permis de fidéliser les premiers lecteurs et de trouver au fur et à mesure un nouveau public ». Effectivement, les albums de « Lastman » sortent à un rythme effréné, du moins selon les normes françaises. Le premier tome ne date en effet que de mars 2013 et on en est déjà au tome 7! Or, chaque album fait tout de même quelque 200 pages… Pas sûr que Vivès, Balak et Sanlaville pourront tenir cette cadence infernale encore longtemps. D’autant plus que leur projet ne se limite pas à la BD: un dessin animé dérivé de « Lastman » est actuellement en production pour France Télévisions, tandis qu’un jeu vidéo devrait également sortir d’ici quelques mois. On n’a donc pas fini d’entendre parler de « Lastman »!