Hélène Philippe / Les arbres chantent au printemps

Hélène Philippe / Les arbres chantent au printempsHélène Philippe / Les arbres chantent au printemps Les arbres chantent au printemps
  • Auteur : Hélène Philippe
  • Serie :
  • Genres : Contemporain, Romance
  • Editeur : Harlequin
  • Collection : HQN
  • Publication: 05/ 06/ 2015
  • Edition: Numérique
  • Pages : 263
  • Prix : 5,99€
  • Rating: Hélène Philippe / Les arbres chantent au printemps

Résumé :

Quand l'amour aide à cicatriser les blessures...

Depuis ce jour qui a irrémédiablement changé sa vie, Lorraine est incapable d'avoir une relation normale avec un homme. À presque trente ans, elle vit isolée à la lisière de la forêt et se contente de fantasmer sur Éric, son charmant voisin. Mais bientôt, ses petites habitudes sont bousculées : Éric, récemment divorcé, lui demande de garder son fils ; en échange, il s'occupera de l'entretien du toit de son chalet. Adieu l'observation discrète derrière ses voilages, Lorraine doit désormais faire face à celui qui l'attire et l'effraie à la fois. Pire, elle se rend compte que l'attirance est réciproque. Si seulement elle pouvait lui offrir ce qu'il attend...

Avis de TeaCup :

J'ai ouvert ce roman un peu par hasard ; j'aimais le titre, un peu moins la couverture (les couvs HQN dessinés, au plus ça va, au moins j'adhère !!) et je voulais découvrir un nouvel auteur. C'est chose faite grâce à ce livre ! Je ne sais pas si c'est la couverture de son précédent livre ? Mais pour moi, je partais sur de l'érotique - donc le titre poétique m'intriguait : j'aime les contrastes ! En fait pas vraiment. Il y a des scènes érotiques, oui, mais pas en surabondance c'est vraiment une romance en réalité.

L'héroïne a subi un traumatisme - vu le résumé, pas besoin d'être devin pour comprendre ce qui a pu lui arriver - et se retrouve donc coincée dans sa relation aux hommes. Elle fantasme donc sur son voisin au corps et à la musculature impressionnante alors qu'elle fuit ce genre d'hommes à tout prix, trop méfiante. Par un concours de circonstances (un chouille facile, l'auteur aurait pu faire plus crédible),une relation va se nouer petit à petit. Et c'est là qu'on embarque ! Perso j'ai plongé très vite, l'auteur le dépeint avec intelligence et cette période d'approches, ou les héros s'apprivoisent fonctionne à fond !

L'histoire est racontée à 2 voix de manière à peu près équilibrée donc cela m'a bien plus. L'homme mis en scène est assez loin des mâles alphas qui sont pléthores en romance. S'il a une musculature abondamment décrite et admirée, là il y a un rapport à l'intrigue, aux réactions que cela suscite chez l'héroïne. Il a un caractère plutôt doux, rêveur et patient. J'aime ce genre de héros atypique, car j'en ai juste ras le bol des " tu te couches là, où juste à côté, comme tu préfères, mais tu le fais et tu es reconnaissante, poupée " (j'exagère à peine !).

Lorraine et Éric évoluent du côté de Nancy, ils sont réalistes et touchants. Je dis merci à une auteure française de se rappeler que non, la romance ne fait pas rêver uniquement si le héros oublie d'être poli et intelligent, voir qu'il n'est pas un butor du sexe, et même, qu'on peut rêver en France ! Je ne veux pas trop en dévoiler sur l'histoire j'ai aimé la longue progression de la relation. L'évolution réaliste : les doutes, les " foirages ", les complexes de l'héroïne et l'infinie - sûrement le point qui est à la fois réaliste tout en étant très romance car le héros est vraiment un ange quelque part, même si j'aime croire que ça ne le rend pas irréaliste pour autant et que certains hommes auraient réagi de la même manière. Bref, loin encore une fois des héros qui pullulent en ce moment dans ce type de roman -patience du héros. Ce dernier est divorcé, il est père d'un ado et gère au jour le jour son quotidien. L'héroïne est rousse, elle a un style et un métier banal, des rondeurs et des peurs. Qu'est-ce qui fait donc qu'on se laisse quand même embarquer ? Pour moi, la réponse serait : pas de surenchère. Hélène Phillipe raconte juste une histoire simple, quotidienne, et cela m'a touchée, car ça sonnait juste. Les quelques scènes de sexes sont bien étudiées et décrites, l'héroïne est moderne ; elle a une envie de libido malgré ses traumatismes, quand dix ans en arrière elle aurait juste semblé en " standby ", en attente du Prince. Non, cette héroïne sort avec des types - pas les bons, d'accord - et parle ouvertement de plaisir solitaire. Bref, tout sonne réaliste, intime, laborieux, mais aussi toucher par des instants plus magiques et j'ai adoré cela.

La plume de Hélène Philippe est fluide, j'ai rarement été gênée dans ma lecture par une formulation maladroite. Peut-être un peu de lenteur à certains moments et, autre défaut plus important, quelques rebondissements de scénarios sont un peu gros ou faciles (l'affreuse ex-femme, garce/manipulatrice/grosse méchante, par exemple). D'où la note qui n'est pas coup de cœur. La force de l'auteur est plus dans la psychologie, la tendresse et l'atmosphère que dans le scénario en lui-même. La fin aussi comparée au reste est un peu plus abrupte...

Cool de voir qu'une romance n'est pas obligé de tourner autour d'un apollon américain dominateur au lit - et ailleurs -, avec trois caisses d'humour - plus ou moins dosé - chick-lit à gogo dans la droite lignée des comédies américaines qui marchent bien.Reconnaissons-le, ces schémas sont hyper récurrents en romance et HQN avec ses plus gros cartons n'est pas en reste sur le sujet. Non nous n'attendons pas, lectrices, que ça pour rêver.

Définitivement, HQN propose autre chose et ça fait plaisir de le découvrir en dehors de leurs auteurs phares dont on entend beaucoup parler, ils publient aussi d'autres livres de qualités plus " ignorés ", des romances un peu moins chick-lit (voir chick-litextra normé qu'on a déjà l'impression d'avoir lu et relu - je n'ai rien contre la chick-lit quand on ne me prend pas pour une buse en me ressortant un truc déjà exploité 100 fois ) pour des romances plus douces et profondes (comme celle-ci), plus épicés (Valery K Baran) voir carrément différente (" En plein cœur " de Anne Rossi). Dommage, de devoir tant fouiller dans leur production pour faire ces découvertes-là dont je ne vois jamais passer de chroniques ou en tout cas si peu.

À n'en pas douter, je vais essayer " Alice au bois dormant " sous peu et attendrais sa prochaine parution.

Extrait :

La dernière fois qu'elles étaient venues, l'ambiance lui semblait plutôt digne d'un pub irlandais, avec des pintes de bière brune et de la musique celtique. Peu importait, au fond... Ses collègues choisissaient toujours un bar éloigné du collège, commandaient des cocktails, puis se lançaient dans le récit de leurs aventures amoureuses. Il y avait Viviane, la divorcée-décidée-à-refaire-sa-vie-après-l'avoir-sacrifiée-pendant-quinze-ans-à-ce-salaud ; Catherine, l'exigeante célibataire pour qui l'homme idéal devrait répondre à au moins trente critères ; Émilie, la jolie prof de lettres qui tombait encore amoureuse trois fois par an malgré l'approche de la quarantaine ; Marianne, qui envisageait d'adopter un enfant puisqu'elle ne rencontrait aucun homme digne, à ses yeux, de la rendre mère...

C'était pour faire plaisir à cette dernière que Lorraine avait accepté ce rendez-vous avec un de ses cousins la veille. Un célibataire de son âge, conforme en tout point aux critèresqu'elle avait choisis : un homme très bien habillé, mince et même un peu fluet.

- Raconte-nous, insistait Catherine. Tu ne l'as pas trouvé trop efféminé ?

- Ce n'était pas le problème, tu sais que je les préfère comme ça !

Un ricanement incrédule salua sa réplique, mais c'était pourtant vrai. Lorraine aimait les hommes soignés, courtois, et s'ils semblaient peu virils, elle les jugeait d'autant moins inquiétants. Celui-ci avait tenu ses promesses au moins jusqu'à la sortie du café, avec une conversation anodine à propos de ses études, de son goût pour les chiffres. Il semblait se soucier de son intelligence plutôt que de ses courbes. Puis il l'avait raccompagnée à sa voiture, et il avait glissé la main sur ses fesses.

- Voilà un homme direct, estima Viviane avec une moue qui hésitait entre l'envie et la sévérité.

Lorraine s'efforça de rire avec naturel et secoua la tête.

- Un peu trop à mon goût !