Chronique « Le crime qui est le tien »
scénario de Zidrou, dessin de Philippe Berthet,
Public conseillé : Adultes et adolescents
Style : Polar
Paru aux chez Dargaud, le 2 octobre 2015, 64 pages couleurs, 14.90 euros
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L’Histoire
Comment vous parlez du “Crime qui est le tien” sans en révéler la fin ? On ne peut pas ! Alors je vais essayer de vous faire mourir d’envie de le lire sans déflorer le sujet : un challenge !
Je vous dirais seulement qu’un homme revendique le crime de son frère, preuves à l’appui, 27 ans après les faits !
Allez, comme je suis gentil, je vous donne un indice. Vous vous souvenez des films de Chabrol : “Poulet au vinaigre” et “L’inspecteur Lavardin” ? Il y a un point commun important avec “Le crime qui est le tien” : Tout est trompeur et vice versa !
Ce que j’en pense
Cette BD est un « polar noir » mais je n’en suis pas si sûr… Tous les éléments classiques du genre sont là, mais la tournure et la forme du scénario renouvellent le genre. En fait, la chute donne sa justification à la forme. Dans ce scénario tout est étonnant. Zidrou est vraiment un scénariste brillant.
J’avais écrit tout le bien que je pensais de “L’indivision”. “La mondaine” est aussi d’une grande finesse psychologique sans être mièvre ni vraiment intimiste. A mes yeux, Zidrou a inventé un style : Le polar, où l’humain et son âme complexe ont la place principale.
Dans son œuvre, le récit et le pitch ne servent qu’à la mise en exergue du point psychologique. C’est la marque des plus grands auteurs de romans policiers comme Dennis Lehane le merveilleux auteur de “Mystic river”, “Shutter Island”, “Gone baby gone” etc..). “La peau de l’ours” (du même Zidrou) était carrément un OVNI quand il est apparu sur les étagères des libraires.
À chaque fois, cet auteur secoue la forme du polar et nous laisse pantois en attaquant par un angle inattendu les sujets graves, voir tabous. Pour « Le crime qui est le tiens », c’est pareil, mais je ne vous dirai pas de quoi il s’agit.
Que dire du dessin de Berthet ? C’est le dessinateur du polar par excellence. Son expérience en la matière en fait le maître incontesté (en BD) à mes yeux. Son dessin «ligne claire» est d’une rare élégance. Son trait est précis, fin, détaillé et minimaliste en même temps.
Les jeux de cases sont magistralement gérés : un modèle du genre. Et puis Berthet dessine les plus jolies filles de la bande dessinée franco-belge (“Poison Ivy”, la série “Pinup”…). À chaque fois je tombe amoureux. Je ne formulerai qu’un seul reproche à son dessin: aucun de ses personnages n’est laid. A croire qu’il les aime…
Je rajoute une mention «plus-plus» pour la couverture, une des plus belles de ces dernières années.
Vous l’aurez compris, je suis fan !