Tiré à quatre épingles

" La voie royale vers le bonheur est la bienveillance envers autrui ....et soi-même. "
Tiré à quatre épinglesMarmet Pascal
270 pages
Éditions Michalon (2015)
Collection Roman
Parmi les milliers de voyageurs, Laurent erre seul dans le hall de la gare de Lyon, l'air paumé. Il vient de rater son CAP boulangerie et sa mère l'a mis dehors. Samy, escroc à la grande gueule, le repère rapidement. Il a bien l'intention de profiter de la naïveté de ce gamin aux chaussures vertes et l'entraîne dans un cambriolage. L'appartement dans lequel ils pénètrent est une sorte d'antichambre du musée des Arts premiers et regorge de trésors africains. Mais ils tombent nez à nez avec la propriétaire et collectionneuse. Comme elle s'est blessée en tombant dans les escaliers, ils lui viennent en aide avant de s'enfuir. Pourtant, quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, abattue de cinq balles tirées à bout portant. Le commandant Chanel, chargé de l'enquête, s'enfonce alors dans l'étrange passé de cette victime, épouse d'un ex-préfet assassiné quai de Conti peu de temps auparavant. Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres.
Extrait :
« Qu'ils soient soporifiques ou percutants, le commandant Chanel abhorrait les discours. Il préférait le murmure des aveux et le bruit de la respiration des présumés coupables.
Ses hommes le confirmeraient : c'était un discret, un mesuré, et l'idée de mettre en avant sa petite personne lui était insupportable. Il aimait bien être être apprécié mais, surtout, être ignoré de sa hiérarchie. On était loin du profil chien fou ou de celui de shérif. Si cela ne tenait qu'à lui, il travaillerait sans lieutenant à manager, sans capitaine à dynamiser, sans objectif à fixer, sans taux d'élucidation obligatoire, sans magistrat sur le dos et sans avoir à consigner la moindre démarche dans d'interminables procès-verbaux. Mais cela était évidemment impossible à imaginer. Ce qui lui plaisait, c'était que les mandarins du 36 lui fichaient une paix royale, qu'il détenait la plus performante équipe du service et le taux d'élucidation le plus élevé. À dire vrai, il n'avait pas le profil habituel et sa hiérarchie s'était souvent posé la question de son orientation dans la police. »

Mon avis :
Au 36 quai des Orfèvres, l'équipe du commandant François Chanel est chargée d’enquêter sur un cambriolage et un meurtre. L'ex-femme d'un préfet, tué quelques mois auparavant, est retrouvée morte dans son bel appartement, entourée d'une collection d'art africain. Le commandant découvre que la victime a été cambriolée juste avant de mourir. Les soupçons se tournent rapidement vers eux mais Chanel garde en tête d'autres pistes, surtout lorsque plusieurs personnes de l'entourage de la victime sont retrouvées assassinées. C'est avec une équipe en sous-effectif et accompagné de jeunes stagiaires qu'il va devoir mener son enquête alors que tout le commissariat se prépare à changer de locaux.On est tout de suite plongé dans une ambiance atypique où l'on devine que les choses sont loin de ce qu'elle laisse paraître. Chanel est expérimenté, discret, passionné de musique et très à cheval sur les principes. C'est un personnage loin des clichés habituels qu'on trouve dans les polars. Les chapitres sont courts et l'ensemble s'enchaîne plutôt bien. On sent que l'auteur a fait un réel travail de recherche sur l'art africain et toutes les croyances qui en découlent. Et pourtant, malgré tous ces points positifs, Tiré à quatre épingles est loin d'être une lecture que je considère comme haletante. J'ai trouvé que, par moments, le récit manquait de rythme, que les dialogues étaient superficiels, sans oublier le peu d'approfondissements des personnalités des protagonistes. Après un début qui m'a intriguée, j'ai eu beaucoup de mal à poursuivre ma lecture et ai été surprise par le dénouement trop expéditif à mon goût. De bonnes idées dans l'ensemble qui, pour moi, manquent de matières.
★★☆☆☆
Tiré quatre épingles