La narratrice, c'est l'auteur lorsqu'elle avait 15 ans et demi. Elle raconte un épisode de sa propre vie. L'action se situe en Indochine où elle vit avec sa mère, veuve, et ses deux frères, tous deux plus âgés qu'elle. Inscrit de force dans un lycée pour étudier les mathématiques, peut-être dans le but secret de prendre la relève de sa mère enseignante dans cette matière, elle ne rêve que de devenir écrivain. Elle est pensionnaire, et à ce titre plutôt laissée seule. Un jour durant lequel elle traverse le fleuve séparant son lycée et sa pension, elle rencontre un banquier chinois, jeune et riche. Ils tombent éperdument amoureux et commencent une relation faite d'amour et d'argent, difficilement qualifiable de relation saine et stable.

Elle va durer un an et demi durant lequel ce chinois va régulièrement rencontrer Marguerite, l'amener parfois à sa pension, souvent dans sa garçonnière où elle va découvrir l'amour physique. Durant cette période Marguerite doit faire face à la honte, à la peur, à la jalousie et doit parvenir à trouver sa place au sein d'une famille où il est difficile de s'imposer. En effet, sa mère est terriblement distante, son frère aîné Pierre est violent, il attire toute l'attention et l'amour de sa mère, et son second frère, Paul, fragile, doux, est totalement délaissé par le reste de sa famille, à l'exception de Marguerite qui lui voue une adoration jusqu'à sa mort brutale et prématurée.

Ce livre raconte à la fois une période de l'enfance de Marguerite Duras et comment elle est parvenue à sortir du contexte familial, d'un carcan scolaire, où elle n'était vue que comme une européenne au milieu de la communauté asiatique.

L'amant, un classique de Marguerite Duras, qui a reçu le prix Goncourt en 1984, ce n'est pas forcément ce détail qui m'a donné envie de découvrir cette oeuvre. J'étais curieuse de découvrir "l'amant", une auto-biographie mêlée à quelques éléments de fiction. C'était le souhait de l'auteur de rester vague sur certains passages de son récit.

J'ai un avis assez mitigé sur cet ouvrage. J'ai eu du mal à adhérer au style de l'auteur, j'ai été de nombreuses fois perdue dans les retours en arrière qui intervienne parfois à des moments innoportuns selon moi. Une lecture à aborder de diverses façons, elle va nous livrer ses souvenirs sur son enfance, ses relations avec sa mère et ses frères, sa rencontre avec son amant qui lui fera découvrir les plaisirs de la chair.

Marguerite ne trouve pas sa place dans cette famille, elle n'a qu'un rêve, écrire, mais au yeux de sa mère ce n'est pas convenable. Sa relation avec sa mère est pour le moins chaotique, une mère aimante mais qui délaisse Marguerite pour l'amour qu'elle porte à un autre de ses frères.

Une vie de famille pas évidente dût au manque constant d'argent à cause des mauvais choix fait par sa mère. Marguerite n'a qu'une seule envie, s'évader, loin de cette famille qui ne lui correspond pas. Elle trouvera avec son amant une vie pleine de sens, elle découvrira une sexualité où elle pourra s'exprimer librement, en exerçant son pouvoir de séduction sur cet homme qui la désir.

Ce roman est vraiment très complexe, et je suis sûr que je ne l'ai pas apprécié à sa juste valeur, j'ai été freinée et perturbée par le fait que la narratrice nous raconte son histoire de but en blanc, ça m'a paru brouillon et je n'ai pas su trouver ma place de lectrice.

Il y a tout un panel d'émotions tout au long de son récit, j'ai vraiment accroché à sa rencontre avec son amant, tout aussi complexe que le reste malgré tout, lui son amant ne peut pas l'aimer de la façon dont il le voudrait à cause de son père.

Marguerite Duras nous livre là ces souvenirs de façon désorganisée, tout se mêle, entre son enfance, le présent et son futur j'ai été parfois perdue, car cela passe d'une scène à l'autre sans que l'on s'y attende.

J'aurais préféré une narration structurée dans le temps, c'est à dire qu'elle nous parle de son enfance, de sa rencontre avec son amant et de sa vie au moment où elle écrit cet ouvrage. En entremêlant les relations avec sa mère et ses frères, mais pas tout cela en même temps. Je remet aussi en cause ma perception des grands thèmes abordés dans son récit, il y a le contexte géographique, période de guerre à Saigon, le contexte familial avec une famille éparpillée, décousue, un père peu présent, une mère désemparée. Elle soulève aussi son choix de partir alors qu'elle n'a que 15 ans et demi, sans n'est déjà trop pour elle, le temps de l'innocence n'est plu.

La plume de l'auteur m'a aussi perturbée je n'ai pas su m'imprégner complètement de son récit qui est pourtant fort intéressant, je n'ai sans doute pas retenu complètement ce que l'auteur a voulu nous livrer sur sa vie. L'enjeu de ce récit, le besoin qu'elle a eu de nous le raconter de cette manière.

Une petite déception pour moi je vous l'avoue, "L'amant" est pourtant une oeuvre avec une forte personnalité, des émotions hautes en couleurs mais je n'ai pas adhéré à l'ensemble.

Je n'irais pas jusqu'à le déconseiller car je sais, pour en avoir discuté avec des lectrices que les avis sont partagés sur cette oeuvre. Si cette ouvrage attise votre curiosité laissez vous tenter.