« Un monde flamboyant »
HUSTVEDT Siri
(Actes Sud)
Le Lecteur a dû accomplir, les renvois en bas de page ne suffisant pas à l’éclairer, d’incessantes recherches pour parvenir à s’insinuer dans les arcanes de ce roman. Il lui manquait en effet trop de références pour accompagner Siri Hustvedt jusqu’au bout de son propos, en particulier dans le domaine des sciences de la psychologie humaine. Même s’il fut fasciné par le personnage d’Harriet Burden qui vécut d’abord dans l’ombre de Félix, son époux, galeriste new-yorkais de renommée internationale. A la mort de ce dernier, elle laissa libre cours à sa passion artistique. Tout en empruntant des masques, en se dissimulant avec la volonté de mettre en exergue le sexisme qui prévaut dans le monde de l’art. Jusqu’à la rencontre avec un tiers personnage dont l’influence l’emportera vers un cheminement fatal.
Le Lecteur insiste : ce roman n’est pas d’un abord facile dès lors que celui qui s’en empare se laisse submerger par la multitude des références. Mais il s’en dégage un constat qui se construit au fil du récit (les carnets intimes d’Harriet et les témoignages de celles et ceux qui la croisèrent) : le spectateur et le lecteur ne portent pas le même regard sur l’œuvre artistique selon que l’auteur en est un homme ou une femme. En se dissimulant derrière trois hommes pour porter son travail à la connaissance du public, Harriet (devenue Harry) veut mettre en évidence un sexisme aux racines profondément ancrées dans le psychisme de chacun d’entre nous. Tel est du moins ce que le Lecteur a cru comprendre dans ce qui prit parfois chez lui les allures d’un parcours initiatique.