L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt

reinhardtTitre : L’amour et les forêts

Auteur : Eric Reinhardt

Editeur : Gallimard

Date de parution : 21 août 2014

368 pages

Je ne voulais pas le lire. J’avais tellement détesté Cendrillon (que j’avais abandonné au milieu, exaspérée par le style et par l’histoire) et les interviews de l’auteur m’horripilent à un point tel que je me refusais de lire ce roman, pourtant apprécié sur la plupart des blogs.

Il a fallu toute la persuasion de mon plus cher ami (qui connaît parfaitement mes goûts littéraires) pour me laisser fléchir et lorsqu’il m’a mis le livre dans les mains avec cette injonction : « lis-le, je t’assure que c’est extraordinaire ! », je l’ai saisi de mauvaise grâce, avec l’arrière-pensée que je n’en lirai que quelques pages…)

Et puis j’ai été séduite immédiatement par l’écriture. Quel style ! De longues phrases extrêmement bien tournées, des mots justes, une écriture qui fait naître des images aussi réelles que si la scène se déroulait devant nos yeux et des émotions qui surgissent sans crier gare. Nulle trace de ce style que j’avais trouvé pompeux (lors de ma lecture de Cendrillon), d’un auteur se regardant écrire. La musicalité des mots résonne à nos oreilles et atteint notre cœur et nos tripes avec une aisance incroyable.

L’histoire n’est pas étrangère à la fascination qu’exerce ce roman. J’ai été happée, malmenée, j’ai avalé les pages comme si c’était un roman policier, ayant beaucoup de mal à refermer le livre, attendant avec impatience le moment propice pour me replonger dans cette atmosphère étouffante, pleine de souffrances. La précision psychologique, les multiples interrogations de l’héroïne, ses contradictions qui sont le ferment de tout être humain, sont si bien décrites par les mots de l’auteur qu’on ne peut rester insensible.

Est-il besoin de raconter l’histoire ? Je suppose qu’elle est connue de tous. Une femme subissant le harcèlement de son mari tente de s’ouvrir une porte de sortie en idéalisant sa vie.

Quant au dernier chapitre, il m’a anéantie. Je l’ai lu, les larmes dégoulinant sur mes joues. La beauté de ce dialogue sur les arbres est sidérante. Chaque parole suscite une double interprétation, c’est sublime.

Bien sûr, j’ai lu la polémique autour de ce roman, mais elle n’a aucunement entachée mon adoration pour ce livre qui, malgré un sujet lourd et pesant, met  à jour le pouvoir magique de l’écriture.