- Auteur : Christie Bronn
- Serie : Evolutis
- Genres : Dystopie
- Editeur : Editions de la Reine
- Collection : Horizon
- Publication: 16/ 05/ 2015
- Edition: Numérique
- Pages : 484
- Prix : 20€
- Rating:
Résumé :
2033, Ebola a ravagé notre monde. Les Evolutis protègent ce qui reste de l'humanité.
Traquée, Emma doit lutter pour sa survie et contre elle-même. Son sang est la clé.
Dans sa fuite solitaire, elle rencontre Ian qui lui fait entrevoir ce qui peut la sauver ou la détruire : l'espoir.
Ami ou ennemi ?
Tiraillée dans sa chair et son sang, elle devra choisir.
Christie change aujourd'hui de registre et signe son deuxième roman, une dystopie palpitante qui ne manquera pas de vous séduire.
Avis de TeaCup :
Je tiens à remercier les Éditions de la Reine pour l'envoi de ce SP qui m'a permis de découvrir un peu leur catalogue.
J'aime beaucoup la dystopie, généralement c'est du YA (donc jeunesse) là le roman est à la lisière des genres. L'héroïne est jeune, 18 à peine, on peut penser à du New Adult Fantastique du coup mais pas vraiment. Je dirais que c'est de la dystopiepour adulte, il y a des scènes (torture) clairement un peu plus hard sans tomber dans le glauque complètement mais que je déconseille pour les plus jeunes.
Le roman m'a laissé un sentiment un peu mitigé. Il y a plein de bonnes choses, une bonne base d'histoire, des moments assez fluides, des accélérations au niveau de l'action... et des gros défauts. Le roman est pour moi trop long plus de 400 pages c'est long, une coupe de 50 pages au minima n'auraient pas fait tant de mal que ça au roman quand on voit que certaines réflexions/actions ont tendance à se répéter. Comme si l'héroïne réfléchissait à un même souci sur 2 paragraphes d'affilés, mais différemment. Un peu dommage.
J'ai aussi eu un vrai souci avec les phrases en italique qui retranscrivent les pensées. Déjà elles sont en gros par rapport au reste donc je pense qu'il y a un kwak dans l'epub. Ensuite, elles sonnent souvent faux où sont très lourdes comparés au reste, cela apporte plus de maladresse qu'autre chose au récit et c'est bien dommage au final. Certains rebondissements ne manquent pas de finesse et les voir gâcher par une phrase en italique qui retranscrit ce qu'on a déjà compris... bof. On ne rentre pas plus dans les pensées de l'héroïne on se dit juste qu'un décalage se créé entre des pensées plus immatures et immédiates et le reste.
J'ai bien aimé les personnages globalement, l'héroïne se plaint un peu, il y a des éléments qui interrogent vraiment (Anna est-elle bien utile ? Je ne crois pas, pour ma part), et d'autres qui fonctionnent bien. Ian est plus ou moins convaincant par contre, petit à petit, on s'y attache, mais il y a des passages/descriptions un peu clichés sur son physique, ses réactions alors que certaines scènes sont vraiment plus atypiques et intriguantes, donc un peu inégal, on adhère pas complètement à ce héros. J'aurais aimé voir plus d'originalité et sentir un rapprochement plus progressif entre les personnages.
L'idée de base est un peu moins complexe que je ne le pensais (je ne vais pas spoiler mais on apprend les raisons des différences de l'héroïne), on se doute un peu de ce qui arrive peut-être parce que l'auteur met longtemps à dévoiler ses cartes et du coup je m'attendais à un peu plus de surprises.
La fin est intrigante, je lirais sûrement le tome 2 si j'en ai l'occasion mais j'espère que l'auteur va affiner son histoire prendre moins de détours et améliorer vraiment tout ce qui se rapporte aux pensées de l'héroïne que cela fonctionne mieux. Pour le style global, peu de grosses maladresses, mais quelques passages pourraient être plus fluides. En résumé, un roman assez convaincant, mais qui a manqué de quelque chose pour m'embarquer vraiment. Ça ne se joue pas à grand-chose, à voir si le tome 2 améliore tout ça.
Extrait :
À pas mesurés, je quitte la réserve pour commencer mon service. Je m'installe derrière les fourneaux et prépare mécaniquement les crêpes, les œufs au bacon. Denrées exceptionnelles depuis que le chaos a débuté. Ce routier est devenu un luxe pour les rares habitués. Et encore, je suis persuadée que la patronne ne fait pas payer le prix réel des consommations.
Déjà, quelques clients sont accoudés au comptoir et bavardent avec Hélène, la propriétaire des lieux. La cinquantaine bien tassée, à l'embonpoint certain, elle en impose derrière son bar. Sa crinière noire, épaisse et bouclée encercle un visage rougeaud et souriant. Elle essuie sa tasse à l'en user, en devisant avec Gilles, ancien chauffeur. Il ne rate jamais son repas du matin en compagnie de l'auguste tenancière. Il arrive chaque jour à l'ouverture, fraîchement rasé, commande un café et une assiette d'œufs au bacon - unique plat à la carte - qu'il grignote en la dévorant des yeux. Il fait traîner son petit déjeuner et se réjouit chaque fois qu'Hélène, enorgueillie par les regards appuyés du beau quinquagénaire, replace avec coquetterie une mèche de cheveux derrière son oreille. Ils formeraient un drôle de couple, s'ils se décidaient. Lui grand, bien bâti, le visage hâlé par les années sur les routes, l'œil vif et elle petite, costaude, le teint pâle mais prompt à s'empourprer.
Il voit au-delà des années qui ont marqué les traits de cette femme et qui l'ont endurcie. Gilles a compris qu'en grattant un peu la surface, on découvre la véritable Hélène : sous ses airs bourrus, elle cache en réalité sa générosité, sa gentillesse et sa ténacité.
Comme tous les jours, le restaurant est presque vide, il ne survit que grâce à ses fidèles qui cherchent à retrouver le confort d'avant.
D'avant le chaos, la récession, la chute économique qui les ont pour la plupart conduits sur le chemin de la précarité. D'avant les émeutes, les attentats... Ils désirent être ensemble, loin de la technologie froide et sans vie qui aujourd'hui prend une grande place dans leur quotidien. Technologie qui maintient notre société à flot, mais qui, pour eux, souligne la rupture avec leur passé, leurs souvenirs d'un monde plus paisible où il faisait bon de rencontrer ses amis, le soir, autour d'un verre dans le bar animé d'Hélène.
La lumière tamisée qui filtre à travers les persiennes masque les ravages des années sur les banquettes rouges et les tables en bois. Un flipper poussiéreux trône dans l'angle près des toilettes. Il ne fonctionne plus depuis des lustres et, en outre, les pièces pour l'alimenter n'existent plus. Mais quelle importance ? Il est la marque d'un autre temps, d'un univers qui, peu à peu, disparaît. Les mêmes types sont invariablement assis aux mêmes tables. Souvent, les vieux du coin, les habitués, relatent leurs souvenirs d'une époque plus agréable, d'une époque que j'ai à peine connue.
Un monde meilleur, c'est pourtant ce pour quoi tu te battais. Et regarde où cela a mené ta fille ! Dans un bouge qui finalement se trouve être le lieu le plus chaleureux qui subsiste.
Cet endroit est à l'image de sa propriétaire : rustre, séculaire, abîmé, mais accueillant et généreux.
Je jette un coup d'œil pensif à Hélène qui s'acharne toujours sur sa tasse. Je la revois, boitant à ma rencontre, quand j'entrai déposer ma candidature suite à la lecture du panneau " Cherche serveuse ". Ses grands iris marron étaient insondables et, je dois bien l'avouer, Hélène m'a intimidée ce jour-là. Face à ses questions sur mon expérience, le lieu d'où je venais, ce qui m'avait amenée à Lavelanet, mon étrange accent... j'ai eu la sensation d'être interrogée par un agent fédéral. Il me semble bien que j'ai rougi. Puis elle s'est enquise au sujet de ma famille, j'ai détourné la tête pour dissimuler la douleur que cette demande provoquait. Elle a alors laissé tomber le masque et j'ai vu ce qui se cachait sous ses airs de mère supérieure : une femme qui connaissait la perte d'un être cher. Elle m'a effleuré la main. Un instant, enveloppée par la douceur de son regard compatissant, j'ai eu envie de tout expliquer, de déposer mon fardeau, de me confier comme je l'aurais fait avec maman.
Maman !
Tes grands yeux gris, ton visage souriant me manquent tant...
Mais bien sûr, je ne pouvais rien raconter à Hélène.
Règle numéro un : pas d'attaches et pas de confidences.