Meutes (T1)

Chronique « Meutes, tome 1 »

scénario de Jean Dufaux, dessin et couleurs de Olivier G. Boiscommun,

Public conseillé : Adultes et adolescents

Style : fantastique
Paru chez Glénat, le 7 octobre 2015, 56 pages couleurs, 14.50 euros
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L’Histoire

Le jeune Otis Keller passe chez le dentiste car elle s’inquiète de ses canines proéminentes qui la gène, véritable marque de fabrique de sa famille.
Son père, lui a d’autres soucis bien plus graves. Van Esse, un petit garagiste véreux vient lui soutirer de l’argent pour “oublier” les taches de sang retrouvées dans le coffre de sa voiture. Sitôt rentré, Keller appelle son “protecteur”, Oblast, et l’avertit de l’opportun.
Le soir même, Van Esse vient calmer ses chiens qui aboient furieusement, mais il ne trouve qu’un charnier sanguinolent… avant d’être lui aussi réduit au silence…
A la table familiale, le Keller annonce à son fils Oscar, qu’il est temps pour lui de rencontrer Oblast et d’être initié aux “chasses” de la confrérie…

Ce que j’en pense

Quand le “Maître es série” Jean Dufaux (Murena, Giacomo C., Jessica Blandy, Ombres, Rapaces, Djinn, La complainte des landes perdues, Barracuda…) lance sa nouvelle série, moi je regarde avec intérêt. Surtout s’il a choisit comme nouveau compagnon de jeu le talentueux dessinateur Olivier G. Boiscommun.
Le duo d’auteurs revisite donc un des mythes fondateurs de la littérature d’épouvante : Les loups-garous. Ouf, on a échappé aux sempiternels vampires que la culture populaire ressasse sous toutes ses formes depuis quelques temps.

Ce premier tome de “Meutes” n’est peut-être pas d’une originalité ébouriffante, mais il permet à Jean Dufaux de poser, pas à pas, ses éléments. Un décors contemporain (Paris, de nos jours), des personnages positifs auquel on s’identifiera facilement (la jeune et naïve Otis, les enquêteurs), sans oublier une galerie d’affreux à grandes dents (le père d’Otis et Oblast en tête). Ajouter à cela une pincée de conflits intérieurs, agitez le tout, et vous obtiendrez un premier tome maîtrisé et agréable à lire.

Doucement, tranquillement, Jean Dufaux avance ses billes avec le savoir-faire d’un bon stratège. Par petites saynètes courtes et dynamiques, il pose situations et personnages en nous faisant rentrer dans son univers.

A mon humble avis, le glissement vers le fantastique est un peu rapide (les rôles sont vite distribués) et la dramaturgie aurait gagné à être plus pesante. Les meurtres et la chasse à l’homme ne m’ont pas filés de frissons dans le cou, mais ce n’est peut-être pas le sujet…

L’originalité de cette nouvelle série réside plutôt dans l’aspect “social” de ces Loups-Garous. Loin de l’imagerie de marginaux, vivant en reclus, Dufaux nous présente une élite sociale de nantis (bourgeois ou nobles) qui organisent leurs chasses au vu et au su de tous. Cette “Caste de l’ombre”, avec ses propres codes et sa propre hiérarchie est sans doute l’aspect le plus intéressant et le plus riche de l’album.

Enfin, dans le genre assez inédit, Dufaux développe en parallèle récits du quotidien (la vie de la jeune Otis) et un fantastique sombre et débridé.

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Au dessin, on retrouve l’univers graphique d’Olivier Boiscommun, un auteur que j’apprécie depuis longtemps (du “Livre de jack”, en passant par “Anges”, “Troll” ou dernièrement “Lueur de nuit”).
Sur cette nouvelle série fantastique et gentiment ‘horrifique”, Olivier est comme un poisson dans l’eau. Son dessin en couleur directe fait mouche !
Son trait léger, rehaussé à l’aquarelle, est suffisamment précis pour représenter fidèlement les lieux parisiens contemporains (on reconnaîtra sans faute une façade du “Printemps”, un bar à vin place de la Madeleine…), mais reste assez “flou” pour évoquer (sans trop montrer) les horribles Garous.

Olivier jongle avec les ambiances (réalistes ou fantastiques) suivant les scènes, et efface le fossé entre les deux univers…

Coté ambiances, ses couleurs sont un vrai bonheur. Nuits bleutées froides et décors baignés d’un rouge sang, il nous plonge avec délice dans des planches de grande classe.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’attendrais avec intérêt le second tome (parution janvier 1016).

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Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez Yancek, cette semaine.