Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret, de Sibylline d’Aviau (2011)

Par Lupiot

Je vous présente toutes mes confuses pour mon retard de publication (cf. articles annoncés) ! Un petit séjour impromptu à Florence, ville de la Renaissance italienne, a décalé mon programme.

Pour me faire pardonner, voici l'un de mes plus jolis coups de cœur de ces dernières années, et une délicieuse redécouverte de cet été (j'y ai repensé en chroniquant Ma maman est en Amérique).

Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret, c'est un peu celui que vous ressentirez quand vous aurez fini cette BD, ou plutôt, ce roman graphique *redresse son monocle d'un air éduqué*. C'est l'histoire d'Adam & Ève, si Adam avait été un petit garçon à grosse tête ronde nommé Alphonse, si l'Éden avait été une forêt fantaisiste, et si Ève avait mis bien trop longtemps à se manifester. Attention : matériel à coup de cœur. C'est absolument craquant.

Quatrième de couverture : " Au milieu d'une forêt tendre, dans une clairière de rien, un tout petit machin se réveille mais ne se souvient pas. "

Alphonse (petits bras, petites jambes, tête comme un ballon de foot, grands yeux qui s'ouvrent sur la vie) ne se souvient pas de ce qu'il fait ici, ne sait pas qui il est, ni ce dont il a envie. Il ne connaît que le Grand Monsieur, qui l'a créé, et qui est sa personne préférée. Mais quand le Grand Monsieur, contrarié par le caractère de sa création, s'en va, Alphonse se retrouve minuscule et seul, avec un petit vide au fond de lui. Pas du genre à broyer du noir, il part à la recherche du Grand Monsieur (et de l'aventure), dans une forêt digne du monde d'Alice au Pays des Merveilles, pleine de créatures étonnantes qui, pour la plupart, ont elles aussi un vide à combler.

Une balade initiatique toute de drôlerie, de jolis tableaux et de leçons de vies.

Le dessin est fin et d'une puissance imaginative saisissante, la narration est tendre et piquante : c'est complètement, terriblement, irrésistiblement charmant. Beaucoup d'humour dans les dialogues et les descriptions, une langue qui joue avec l'authenticité de celle de l'enfance, mais avec une délicatesse et une intelligence qui ne trompent personne - et ce pour notre immense plaisir.

Citation (juste une, car j'aurais bien cité toutes les pages, mais mieux vaut être raisonnable et vous laisser le plaisir de la découverte) :

" Peut-être que l'amour, c'est trop compliqué, que ce serait plus fastoche d'apprendre à tricoter. "

Je vous souhaite une bonne lecture et (à la Alphonse Tabouret) une grande crise d'enthousiasme.

Lupiot

Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret, de Sybilline, Capucine et Jérôme d'Aviau, 2011, 192 pages